Point BD #3 : dernières découvertes !

Ma dernière virée en librairie BD pour le travail a été l’occasion de faire de jolies découvertes, dont j’avais évidemment très envie de parler par ici ! Après l’article sur mes dernières trouvailles en jeunesse, voilà l’équivalent pour les ados/adultes !


Le Petit vagabond ; de Crystal Kung
Publié aux Éditions EP, 2017 – 80 pages

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Le Petit vagabond c’est un très joli recueil de six histoires courtes sans paroles mettant en scène divers personnages dans des cadres variés comme le Tibet ou New York. Cela va de l’artiste désemparée au randonneur égaré dans la brume. C’est aussi, pour l’une des histoires, un court-métrage à voir juste ici.

Servant de fil conducteur entre les différents récits, le petit vagabond prend les traits d’un jeune garçon qui aide les protagonistes à retrouver leur chemin, vers eux-mêmes ou vers les autres. Si chacun est triste, nostalgique ou bien solitaire au début de l’histoire, leur rencontre avec ce drôle de petit bonhomme les apaise et leur offre en général de nouvelles perspectives.

Soyons honnêtes, c’est avant tout pour ses merveilleuses illustrations que l’album attire l’oeil ! Le travail graphique fourni par l’artiste taïwannaise est vraiment incroyable : à l’aide de couleurs chaudes et enveloppantes, elle parvient à nous offrir une oeuvre délicate, hors du temps et pleine de tendresse.

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☞ Personne ne peut rester indifférent au travail de Krystal Kung, tant il transporte vers un ailleurs de toute beauté !  Par son aspect très contemplatif, chaque saynète invite à la réflexion. Le Petit vagabond fait partie de ces trésors que l’on se doit d’avoir dans sa bibliothèque pour le feuilleter à loisir. 


 Ceux qui restent ; de Josep Busquet & Alex Xöul
Publié aux Éditions Delcourt, 2018 – 128 pages

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On connait tous au moins un récit dans lequel les enfants quittent brusquement leur foyer pour aller vivre des aventures fantastiques dans on ne sait quel royaume lointain ou univers parallèle (Peter Pan, Narnia, ça vous parle ?). Mais ce qu’on a moins l’habitude de voir, c’est ce qu’il advient des parents éplorés pendant la -plus ou moins longue- absence de leur rejeton…
Et c’est justement sur cet aspect là que se concentrent les auteurs de Ceux qui restent : on ne s’attarde pas du tout sur les aventures de l’enfant, mais plutôt sur ses proches qui doivent faire face et comprendre son absence.

Comment diable expliquer aux enquêteurs que son fils est parti affronter un dragon ou sauver une planète ? Et surtout comment justifier la réapparition soudaine de ce dernier ? Car à partir de cet instant, les soupçons extérieurs et autres théories du complot commencent à voir le jour : là commence le véritable cauchemar des parents.

Josep Busquet présente avec justesse l’éclatement d’une famille dépassée par les évènements et sévèrement jugée par ses semblables. Il insiste aussi sur le traumatisme que de tels voyages peuvent engendrer : les enfants se détachent complètement de la réalité, sont en décalage avec leurs proches car le temps ne s’écoule pas forcément de la même manière dans la réalité que dans le monde fantastique où ils mettent les pieds.

Mis en image avec finesse par Alex Xöul, l’album dégage beaucoup d’émotion, notamment grâce aux  couleurs douces et passées des planches. 

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☞ One-shot sympathique et prenant, Ceux qui restent prend le contre-pied des schémas classiques pour proposer une réflexion intéressante sur l’envers des contes. Alex Xöul a su utiliser les bonnes teintes pour mettre en avant la nostalgie de l’histoire et nous livre un album émouvant et original.


Imbattable (deux tomes) ; de Pascal Jousselin
Publié aux Éditions Dupuis, 2018 – 48 pages

Imbattable, c’est ce héros masqué et bedonnant (Oh, mais qu’y a-t-il sur son costume ? Je vous le donne dans le mille : une planche de bande-dessinée !) qui épate par ses méthodes d’investigation. Et pour cause, le bonhomme utilise les codes de la bande dessinée pour sauter d’une case à l’autre, ou s’envoyer des missives depuis le bas de la page, ce qui lui donne toujours un temps d’avance sur les vilains qu’il poursuit ! 

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Un exemple est plus parlant que mille mots :

Le premier tome m’a tout bonnement fascinée (et que je me suis bidonnée !) mais il me semblait compliqué de faire durer le concept au delà d’un opus. Pourtant, les petites histoires d’Imbattable ne perdent pas de leur intérêt dans le deuxième tome, Pascal Jousselin débordant d’inventivité ! En plus du traditionnel savant fou, l’auteur dote ainsi notre super-héros d’un acolyte capable de jouer avec les perspectives, mais aussi d’un vilain à la hauteur de ses talents. 

☞ Grand terrain de jeu pour l’auteur, et encouragement à une lecture déconstruite et amusante, la série Imbattable est difficile à décrire tant tout passe par le visuel ! En tout cas, la magie opère dès les premières pages, en faisant une bande-dessinée idéale à partager en famille. 

Le Veilleur des brumes : un petit bijou !

Le Veilleur des brumes; par Robert Kondo & Dice Tsutsumi
Publié chez Grafiteen, 2018

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Au dessus de Val-de l’Aube se dresse le Barrage : une immense muraille de bois coiffée d’un moulin. Lui seul tient à distances les brumes mortelles qui ont englouti le reste du monde. Depuis la mort de mon père, je suis responsable du Barrage. Une bien grande responsabilité pour un petit garçon. Mais telle est ma mission. Je m’appelle Pierre. Je suis le veilleur des Brumes.

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La particularité de cette bande-dessinée, c’est qu’il s’agit de l’adaptation du court-métrage multi primé « The Dam keeper » dont je vous glisse le lien juste ici -bande de veinards- ! (Attention, risque de spoilers ceci dit !) Après la réalisation de ce petit film, Robert Kondo et Dice Tsutsumi ne se voyaient pas s’arrêter en si bon chemin, et ils ont eu raison ma foi !

Les auteurs ont tous deux fait leurs armes aux studios Pixar, notamment sur les films Toy Story 3 ou Monster University. Habitués aux univers forement marqués par leur direction artistique, ils ont su tirer partie de leur expérience et insuffler une dimension vraiment unique au Veilleur des brumes.
En tournant les pages, on a parfois du mal à réaliser que l’on est bien dans une bande dessinée : l’ambiance est complètement onirique, grâce à la colorisation employée et aux dessins un peu floutés. Le travail sur la lumière vaut complètement le détour, de même que les illustrations tout en rondeur qui caractérisent les personnages antropomorphes : une merveille à contempler page après page !

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Mais au delà de l’aspect visuel exceptionnel, c’est également la qualité du scénario qui fait de cette bande dessinée un must have ! 

Présentons d’abord Pierre : ce petit bout de cochon porte sur ses frêles épaules (oserais-je dire jambonneaux ? Allez, j’ose !) la responsabilité de toute la ville puisqu’il doit assurer l’entretien du moulin, la machine inventée par feu son papa pour garder les brumes éloignées… Eh oui, comme si ça ne suffisait pas à son malheur, il s’avère que Pierre est orphelin depuis que son paternel s’est jeté dans les brumes par désespoir  suite à la mort de sa femme. Vous suivez toujours ? Avec ça, Pierre vit donc seul et continue de fréquenter l’école où tout le monde l’ignore consciencieusement alors qu’il est pourtant le seul garant de leur survie #maisoùestlalogique.

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A ce moment-là j’étais à peu près dans cet état.

Suite à un évènement étrange, Pierre se retrouve avec deux de ses camarades à l’extérieur de la ville fortifiée, ce qui leur permettra d’en savoir plus sur ce qui se passe à l’extérieur. Ce qui débutait comme un récit fantastique nimbé de mystère prend alors la forme d’une quête initiatique aux multiples dangers (ben oui, parce qu’à l’extérieur de Val-de l’Aube, le monde a l’air dévasté et plein de phénomènes étranges.

Profondément émouvante, l’oeuvre arrive à intégrer des thématiques universelles comme le sentiment de rejet, le harcèlement, la résignation ainsi que la perte d’un être cher. Certaines scènes m’ont brisé le cœur, mais participent à la crédibilité attendue par les personnages.

Le Veilleur des brumes fait partie de cette tendance actuelle de la bande dessinée jeunesse à offrir aux enfants des oeuvres de qualités qui ne les prennent pas pour des neuneus (et c’est pas plus mal !). Ainsi, même si le titre est paru chez Grafiteen -la collection de BD pour ados de Milan- les aventures de Pierre sauront séduire tous les âges grâce à sa quête initiatique à l’ambiance sombre et aux dessins exceptionnels que proposent les auteurs.

☞ Audacieuse et grand public cette bande-dessinée fait partie des trésors que je chérirai et recommanderai à tout va autour de moi ! Elle a le mérite de tenir en haleine le lecteur par la découverte d’un univers un peu étrange, propose une aventure mystérieuse et une ambiance sombre comme on en voit peu en littérature jeunesse. Si on ajoute à ça la beauté de l’objet livre et la poésie qui se dégage des illustrations, je ne vois pas ce que vous attendez pour foncer chez votre libraire !

The Promised Neverland t.01 : une mise en bouche intéressante !

The Promised Neverland t.01; par Kaiu Shirai & Posuka Demizu
Publié chez Kazé, 2018

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Emma, Norman et Ray coulent des jours heureux à l’orphelinat Grace Field House. Entourés de leurs petits frères et soeurs, ils s’épanouissent sous l’attention pleine de tendresse de « Maman », qu’ils considérent comme leur véritable mère. Mais tout bascule le soir où ils découvrent l’abominable réalité qui se cache derrière la façade de leur vie paisible ! Ils doivent s’échapper, c’est une question de vie ou de mort !

 

 

Vu l’intensité médiatique autour de ce titre depuis des mois (il existe même un site dédié à la série), j’étais fermement décidée à mettre la main dessus dès sa sortie et j’ai eu bien raison -d’après mon libraire- ! En revanche difficile d’en parler correctement sans prendre le risque de tout spoiler…

On peut dire que ce premier tome lance efficacement l’intrigue, puisque le lecteur est happé dès les premières pages par cette histoire sombre et dérangeante, l’ambiance horrifique étant d’ailleurs contrastée par la naïveté et l’innoncence des enfants présents. Si quelques indices sont dissimulés dans le premier chapitre quant à la nature du fameux secret, je ne m’attendais pas du tout à cette révélation !
Le mangaka regorge de bonnes idées et sait jouer avec nos nerfs : le rythme effréné de ce premier opus annonce une attente infernale en vue des prochains tomes !

Dans une ambiance anxiogène au possible, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage pour Emma, Ray et Norman : ils ont deux mois pour s’échapper de Grace Field House, ou ils mourront.
Très charismatique et attachant, le trio compte parmi les enfants les plus âgés et futés de la structure. Chacun va ainsi apporter une compétence différente, mais complémentaire à ses camarades dans la plannification de leur fuite : Norman, fin stratège, est un peu le génie de l’orphelinat, Ray fait preuve d’un grand sens de l’observation de beaucoup de sang-froid, tandis qu’Emma, plus sentimentaliste, compense par son agilité hors-norme.

Attention, « Maman » n’est pas en reste pour autant ! Glaçante de self control, cette mère de substitution est la reine du poker face ! 

Quant à Posuka Demizu, elle insuffle aux enfants des bouilles rondes et innocentes qui tranchent parfaitement avec l’horreur des « démons ». Le charadesign est très bon et le détail des expressions faciales douloureux de réalisme !

☞ Annoncée comme « la » série révélation de l’année The Promised Neverland se démarque de la production actuelle. Nulle magie ou personnages contrôlant des supers pouvoirs ici, le trio de héros ne peut compter que sur leur intelligence pour parvenir à sauver leur peau ! L’intrigue complexe, l’écriture efficace et les nombreux faux semblants font de ce titre un début de série très enthousiasmant dont on attend impatiemment la suite !

L’atelier des sorciers t.01 : un récit prometteur !

L’Atelier des sorciers t.01; par Kamone Shirahama
Publié chez Pika Editions, 2018

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Coco a toujours été fascinée par la magie. Hélas, seuls les sorciers peuvent pratiquer cet art et les élus sont choisis dès la naissance. Un jour, Kieffrey, un sorcier, arrive dans le village de la jeune fille. En l’espionnant, Coco comprend alors la véritable nature de la magie et se rappelle d’un livre de magie et d’un encrier qu’elle a achetés à un mystérieux inconnu quand elle était enfant. Elle s’exerce alors en cachette. Mais, dans son ignorance, Coco commet un acte tragique ! Dès lors, elle devient la disciple de Kieffrey et va découvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas l’existence !

Les plus :

Si le début de l’histoire semble assez « cliché » (enfant qui se découvre des capacités particulières, gniagniagnia), le récit ne tarde pas à prendre une direction un peu différente, mettant en avant ses propres codes. Le système de magie, notamment, m’a complètement charmée : nulle baguette nécéssaire à l’accomplissement de sorts, mais seulement un porte-plume et un encrier, puisque les enchantements se dessinent selon un pattern bien précis !

☞ La mangaka réussit, en quelques pages seulement, à poser les bases de son univers magique un peu médiéval, sans pour autant noyer le lecteur sous de multiples informations ! C’est simple et pourtant tellement dépaysant…

☞ Les dessins de Shirahama possèdent un trait très réaliste, elle apporte un soin particulier à ses décors (cette campagne ! 💛), tout en présentant de manière originale ses personnages. Et que dire des découpages hyper dynamiques qui donnent aussi du rythme au récit ?

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☞ Le rythme justement, est parfaitement maitrîsé : on a donc le plus grand mal à ne pas dévorer le tome en quelques minutes seulement !

☞ Toutes les précisions relatives à la composition et au tracé des pentagrammes magiques sont fournies, pour le plus grand plaisir du lecteur !

La mangaka soulève des questions intéressantes quant à la pratique de la magie, en particulier sur la question de l’inné et de l’acquis : en principe seuls les personnes nées sorcier.e.s ont des aptitudes et sont capables d’étudier cette science. Mais alors qu’en est-il de Coco ? Est-elle condamnée à pratiquer sans aucun résultat probant ou peut-elle s’améliorer à force de volonté ?

X Les moins :

☞ Une vague impression de « déjà-vu » se dégage de certains passages. Rien de dramatique en soi, Kamone Shirahama proposant une oeuvre suffisamment fraîche et originale.


Il n’y a pas à dire, L’Atelier des sorciers est une jolie mise en bouche ! La mangaka met en place un univers efficace avec ses propres singularités, dont on sent déjà tout le potentiel. Quant à  l’histoire, elle a tout lieu de convenir à un large panel de lecteurs puisqu’on y parle aussi bien de voyage initiatique, que de magie et de sombre complot. Une série à suivre avec attention donc !

I hate Fairyland

I hate Fairyland; par Skottie Young
Publié chez Urban Comics Editions, 2017

Gertrude, petite fille au tempérament de feu, se retrouve subitement aspirée par sa moquette de la chambre, prisonnière du monde magique de Fairyland. Vingt-sept longues années de captivité et de bain de sang durant lesquelles sa seule motivation a été de rentrer chez elle. Bienvenue au royaume de la reine Claudia, des hommes-champignon, des faunes zombies et des haches géantes. Bienvenue à Fairyland. 

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Si vous suivez ce blog depuis quelques temps déjà, vous aurez remarqué que les comics y sont sous-représentés : et pour cause, j’en lis très peu. Pourtant, dès que j’ai croisé la bouille de Gertrude en librairie, j’ai su qu’entre nous ça aller matcher !

J’ai apprécié :

☞ La couverture donne complètement le ton : l’univers de la série est trash à souhait, complètement barré (si vous avez appréciez la série Dirk Gently sur Netflix, je pense que ce comics saura vous séduire). Que ce soit grâce aux remarques du duo Gertrude/Larry, ou à l’absurde de certaines situations, on ne s’ennuie pas une seule seconde !

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J’avais prévenu pour le côté trash…

☞ Le personnage de Gertrude est absolument délicieux ! Les années d’enfermement ont eu un effet plutôt néfaste sur l’esprit de la petite fille : elle s’est peu à peu transformée en monstre sanguinaire et imprévisible, avec une nette tendance à régler les situations conflictuelles à coups de hache. Vous voilà avertis !

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☞ L’auteur se permet de placer quelques figures phares des contes pour enfants en les rendant plus loufoques et cruels. Il faudra décidément une bonne dose de second degré pour apprécier I hate Fairyland !

☞ Graphiquement, tout est à l’image de l’univers mis en place : exagéré et loufoque. Skottie Young donne dans les couleurs pétantes et ses personnages prennent des allures cartoonesques, tandis qu’il dissimule de multiples détails et clins d’œil dans ses planches. Le découpage et la variété des plans utilisés donne à l’ensemble une dynamique intéressante. 

J’ai moins aimé :

☞ Le scénario s’avère un peu faible et répétitif. J’espère vraiment un renouvellement pour le troisième opus !

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Force est de constater que l’intérêt de la série vient surtout de l’univers acidulé et de l’humour noir omniprésent, avec quelques faiblesses au niveau scénaristique. A l’aide d’un travail graphique extraordinaire, Skottie Young propose une histoire irrévérencieuse, qui désacralise totalement le monde des contes de fées. 

Somali et l’esprit de la forêt : un enchantement visuel !

Somali et l’esprit de la forêt; par Yako Gureishi
Publié chez Komikku Editions, 2016

Depuis que le monde est dominé par les créatures non-humaines, les hommes en sont réduits à mener une existence clandestine pour échapper à la persécution sans répit des nouveaux maîtres. Un jour, un golem, gardien des forêts, recueille une fillette appartenant à cette race humaine en voie d’extinction et décide d’entreprendre avec elle un périlleux voyage à travers les contrées.  Ainsi commencent les aventures de cet étrange duo dépareillé, mais uni par un attachement quasi filial.

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J’ai apprécié :

☞ Les deux personnages principaux sont attachants à souhait ! Leur relation quasi père-fille est touchante dans sa simplicité et sa dualité : Somali, avec sa petite bouille ronde et sa fragilité, est physiquement à l’opposé du golem, qui s’impose vite comme son protecteur. 

☞ Dépaysant à souhait, Somali et l’esprit de la forêt est très contemplatif et nous donne à découvrir un univers à la fois fantastique et poétique. Les créatures fabuleuses que croise notre duo (lapins à cornes, drôles de poissons mangeurs de livres, démons apothicaires, ou encore sorcières cuisinières) nous immerge en quelques pages seulement !

☞ Dans l’histoire, le golem fait figure de gardien des forêts, et la nature se meurt une fois qu’elle perd son protecteur : ce soucis de l’environnement m’a rappelé les œuvres de Miyazaki, dans lesquelles on retrouve souvent cette thématique. 

☞ Comment ne pas être séduit par les merveilleuses illustrations ? Mettant en scène la nature luxuriante et des petits villages pittoresques, la technique graphique m’a un peu rappelé la série de mangas Les enfants de la Baleine. Bref, les décors sont grandioses, le soucis du détail est vraiment là, et j’étais emballée dès les premières pages !

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☞ L’intrigue se met en place doucement, laissant entrevoir au lecteur un conte cruel à mesure que l’on découvre le sort réservé aux humains…

C’est un vrai moment de poésie que nous offrent les éditions Komikku, dont je découvre peu à peu les publications, pour mon plus grand plaisir ! (si, si rappelez-vous : L’enfant et le maudit, Le maître des livres, Minuscule, ou encore The Ancient Magus Bride, ce sont eux aussi !) Dans le cas présent, Somali et l’esprit de la forêt propose des pistes intéressantes sur la tolérance, mais aussi sur l’extinction de certaines espèces (ici, l’être humain) : le tout donne sérieusement à réfléchir sur le devenir de notre société, et plus largement de notre planète. 

Point BD #1 et #Hallowctober : 3 BD pour frissonner 👻

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Depuis quelques mois j’ai soif de découvertes, notamment en matière de bande-dessinée, où je suis peu calée… j’ai donc regardé quelques chaînes Booktube, consulté quelques blogs, papoté avec deux-trois copains un peu plus spécialistes que moi, et emprunté des dizaines de titres en médiathèque pour test. Bilan de l’expérience : ça m’a bien plu, et c’est comme ça que je me retrouve à vous proposer une petite sélection thématique spéciale #Hallowctober : fantastique, horreur, noirceur, c’est parti !

Courtney Crumrin ; de Ted Naifeh
Publié chez Akileos, 2004

☞ A découvrir si vous avez aimé la saga L’épouvanteur, de Joseph Delaney !

 

Courtney est une étrange petite fille qui a souvent du mal à s’adapter au monde qui l’entoure. Le jour où elle doit s’installer chez son oncle Aloysius, il lui faut s’adapter à une nouvelle école, dans un environnement qui n’est pas pour la mettre à l’aise. Cependant, les évènements prennent rapidement un tour meilleur, puisqu’elle fait la rencontre d’êtres étranges et mystérieux qui vivent autour et dans la maison de son oncle. Bientôt, il apparait clairement qu’elle est mieux en compagnie de ces Choses de la Nuit qu’avec les gamins prétentieux de son école.

J’ai été charmée dès les premières pages par cette histoire hors-norme qui m’avait été conseillé par les Éditions Akileos sur les réseaux sociaux.

Si l’intrigue prend place d’abord dans un univers réaliste, on s’aperçoit rapidement qu’il est peuplé de créatures fantastiques, bienveillantes ou non. Le folklore celtique reste très présent, même si la jeune Courtney devra également côtoyer quelques gobelins, démons, et même le Roi des ombres en personne !

Courtney incarne un personnage un peu marginal : clairement misanthrope, avec un côté peste très affirmé, la petite fille est en décalage constant avec ceux qui l’entourent, enfants comme adultes. Chacun des tomes constitue un récit intrigant, mais j’ai apprécié que l’auteur développe d’autres thèmes universels en parallèle de ses aventures fantastiques. Ainsi, on retrouve, via le vécu de l’héroïne, les différentes situations problématiques à l’école (racket, isolement, moqueries…), la différence et ce qu’elle entraîne, ainsi que la relation parfois complexe avec les parents.

L’ambiance gothique qui se dégage de l’ensemble n’est pas sans rappeler les créations visuelles du réalisateur Tim Burton, ou encore la célébrissime série « La famille Adams », d’autant que les graphisme entièrement en noir et blanc, très contrasté et avec de forts jeux d’ombres, favorisent l’immersion dans cette histoire glauque à souhait. A noter qu’une version colorisée existe également, et que de nouvelles intégrales devraient sortir prochainement, en couleur cette fois !

 

D’autre part, la série était, à la base, disponible en six tomes, et a fait plus tard l’objet de deux intégrales. Il existe également deux hors-séries si vous souhaitez prolonger le plaisir 🙂


Wytches (T1); de Scot Snyder
Publié chez Urban Comics, 2015

☞ A découvrir si vous avez aimé certains romans (bien glauques) de Stephen King !

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Après un épisode tragique durant lequel leur fille Sailor fut victime de harcèlement, la famille Rooks choisit de déménager et de se reconstruire en paix, loin de cette pénible expérience. Leur proximité avec la forêt environnante va cependant les exposer à un mal plus ancien que l’humanité…

On ne va pas se mentir, si j’ai lu cette bande dessinée, c’est avant tout parce qu’elle avait été sélectionnée par Comic Whales, pour la lecture commune du mois d’octobre. Ayant un peu de mal avec les comics d’une manière générale, les graphismes ne m’inspiraient pas tellement, et l’histoire relatée paraissait assez sombre, voire sérieusement glauque par moments. Mea Culpa, je suis une flipette !

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Scott Snyder plonge effectivement le lecteur dans l’horreur et nous livre un récit inquiétant, très sombre, à la limite du gore (certaines scènes m’ont laissé la gorge serrée…). La tension est palpable, et la violence monte crescendo au fil de l’album. Bref, ayez le cœur bien accroché ! 

Mais Wytches, c’est aussi le portrait d’un père déterminé à retrouver sa fille coûte que coûte. Charlie Rooks a de nombreux travers et angoisses, mais sa force de caractère impressionne et transforme un récit d’horreur pure en histoire très personnelle sur l’amour filial, ce qui apporte un équilibre bienvenu à l’ensemble.

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Graphiquement,  les dessins de Jock se sont révélés bien plus riches et complexes que ce que j’avais cru de prime abord ! Le procédé utilisé est d’ailleurs détaillé dans les pages d’annexes (que je vous encourage vivement à lire pour en apprendre davantage sur la genèse du projet) : il s’agit d’ajouter à l’image déjà colorisée un effet de tâches de peinture sur Photoshop. Si le tout donne un effet intéressant et assez inédit, j’ai aussi trouvé qu’il rendait la lecture plus ardue.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Wytches marque les esprits… Reconnaissable entre tous par ses planches travaillées de manière originale, et par son récit malsain, à couper le souffle, nul doute que les promenades en forêt n’auront plus la même saveur !


Croquemitaines; de Mathieu Salvia
Publié chez Glénat, 2017

☞ A découvrir si vous avez aimé American Gods de Neil Gaiman !

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Les monstres, ça n existe pas que dans la tête des enfants…

Passionné de lecture, Elliott a toujours eu une préférence pour les histoires de Croquemitaines, ces créatures monstrueuses qui, la nuit, se cachent dans l’ombre ou sous le lit pour effrayer les petits enfants. Il n’imagine pas à quel point elles vont changer sa vie. Car une sombre nuit orageuse, le destin d’Elliott va s accomplir… 

Mathieu Salvia nous replonge dans nos peurs enfantines en utilisant la figure du croquemitaine, ces créatures qui se cacheraient sous les lits ou dans les placards pour effrayer les plus jeunes.

« Le croquemitaine voyage de nuit,
Dans toutes les caves, sous tous les lits,
Il traîne ses guêtres sans aucun bruit,
Prends garde à toi, passé minuit. »

Là où l’auteur fait preuve d’originalité, c’est en imaginant toute une caste de ces monstres, avec leurs us et coutumes, leur propre code d’honneur, et surtout une sorte de conflit intergénérationnel qui sera le propos même de la série. 

L’ambiance est noire, dès les premières planches on ressent la dimension horrifique de Croquemitaines. Heureusement pour nous, Mathieu Salvia dose parfaitement la violence qu’il insuffle à son récit, ne donnant à voir que le minimum de sang et de carnage nécessaire à la cohésion de l’histoire.

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L’album se termine de manière surprenante : si le récit est interrompu à un moment clé qui fera regretter au lecteur de ne pas avoir le deuxième tome en sa possession (on sent l’expérience vécue là ?…), Mathieu Salvia nous propose de jouer les prolongations à l’aide d’un dossier-témoignage monté par Elliott des années plus tard. Agrémenté de croquis, notes personnelles, procès verbaux et coupures de journaux, il offre une autre alternative à l’histoire que l’on vient de découvrir !

Visuellement, c’est une réussite aussi ! Djet opte pour des illustrations aux tons gris-verts-bleus, qui renforcent l’atmosphère malsaine se dégageant du récit. Quant aux cadrages dynamiques en plongée et contre-plongée, le rendu du mouvement est assez exceptionnel, renforçant en même temps l’immersion du lecteur.

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Sueurs froides garanties avec la folle cavale d’Elliott et de Père-la-mort, cet étrange croquemitaine amical. Comics au dessin vif et accrocheur, Croquemitaines se met rapidement en place et nous projette dans une épopée au rythme haletant, captivante de bout en bout ! Et surtout, n’oubliez pas de vérifier sous votre lit… 🙂

Jean Doux et le mystère de la disquette molle

Jean Doux et le mystère de la disquette molle; par Philippe Valette
Publié aux Editions Delcourt, 2017


L’histoire se déroule dans une petite entreprise spécialisée dans les broyeuses à papier qui vient de se faire racheter, le matin même, par un gros concurrent. L’aventure commence lorsque Jean Doux fait cette découverte mystérieuse : une mallette contenant une disquette molle dans le faux-plafond du débarras. Après avoir mis sa collègue dans la confidence à la cantine, ils décident d’enquêter.

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J’ai beaucoup aimé :

L’objet livre en lui même, il faut dire qu’il a une sacré dégaine ! Avec son allure atypique (format à l’italienne) et son titre à la fois intrigant et désopilant, Jean Doux force le respect !

☞ Les personnages complètement loufoques auxquels on ne s’attend pas ! Tous sont dotés d’un prénom en Jean-Quelque chose. Arrêtons nous un instant sur le petit nom du héros supposé, Jean-Doux, fidèlement accompagné par ses comparses de bureau Jean-Pierre et Jeanne-France… (n’est ce pas tout simplement génial ?!)

☞ Au programme niveau thématiques, on retrouve une douce critique de la vie de bureau, ainsi qu’une plongée directe dans les années 1990 avec tout ce que cela implique au niveau technologique et capillaire. 

☞ L’enquête basique prend vite des airs d’aventure fabuleuse, frôlant même le surnaturel , et tout ça à cause de la découverte d’un reliquat du passé : une disquette molle. Et étonnamment, l’histoire, bien que ridicule au possible par moments, se révèle très prenante !

☞ Le découpage dynamique des planches : c’est un peu la surprise à chaque page tournée !

Les graphismes rétro ne sont pas sans rappeler ceux de certains jeux-vidéos. Entièrement réalisés par ordinateur, leur seul point faible est de n’offrir qu’une palette d’expressions restreinte aux personnages, et peu de modulation aux décors proposés. Heureusement pour le lecteur, le tout change radicalement dans la dernière partie de l’album, moment où le récit prend son envol  !

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Nul doute qu‘il faut être ouvert à l’humour absurde pour apprécier le titre à sa juste valeur. Parfois à la limite de la farce, Jean Doux et le mystère de la disquette molle se parcourt rapidement, malgré son épaisseur au premier abord, et fera sourire les nostalgiques de l’époque !

Emma et Capucine T1 : un rêve pour trois

Emma et Capucine T1 : un rêve pour trois; par Jérôme Hamon & Lena Sayaphoum
Publié aux Editions Dargaud, 2017

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Emma et Capucine sont soeurs et partagent un rêve : entrer ensemble dans la prestigieuse école de danse de l’Opéra de Paris pour devenir danseuses étoiles. Capucine passe les premières auditions avec succès. Pas Emma… et le monde de la jeune fille s’écroule. Mais sa vocation n’est-elle pas ailleurs ?

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√ J’ai apprécié :

☞ La découverte d’un milieu particulier -la danse classique-, et les coulisses des concours, notamment les conditions d’accès au prestigieux Opéra de Paris.

Les relations entre les différents personnages sont bien retranscrites, et loin d’être lisses, elles apportent une certaine profondeur à l’histoire : je pense en particulier  au lien qui unit Capucine et Emma. 

☞ Si l’histoire est tournée en priorité vers la danse, Jérôme Hamon y traite aussi d’autres thèmes centraux de l’adolescence, comme les conflits familiaux, les premiers émois amoureux, ou la pression autour du parcours scolaire.

☞ Le personnage d’Emma, qui attire tout de suite la sympathie. Tour à tour tiraillée par sa mère sur son avenir de danseuse, puis résignée, elle se rend maître de son destin. Au contraire, Capucine, reste plutôt sur la touche dans ce premier opus. Espérons que la suite de leurs aventures la mettra plus à l’honneur !

☞ Les jolis graphismes quasi-photographiques, dans les tons pastels, très doux et lumineux à l’œil, sont un vrai régal pour les yeux !

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Emma et Capucine est une jolie bande dessinée, plutôt à destination des adolescentes par les sujets qu’elle aborde, qui véhicule un beau message sur les rêves et les espoirs de chacun. Les illustrations de Lena Sayaphoum subliment cette tranche de vie, dont on a déjà hâte de lire la suite !

Focus sur : Amélie Fléchais

Pas de sélection aujourd’hui ! Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de vous présenter le travail d’une illustratrice que j’aime d’amour, et trop peu connue à mon goût : Amélie Fléchais.

Illustratrice et auteure de bandes-dessinées et d’albums jeunesse, la jeune femme a plusieurs cordes à son arc, puisqu’elle travaille également dans le domaine de l’animation ! Avec quatre œuvres au compteur pour le moment, et dotée d’une pâte graphique très reconnaissable, Amélie Fléchais vous en mettra pleins les mirettes 😉 

cvt_Chemin-perdu_6764Chemin perdu; 96 p.
Publié aux Editions Soleil (Collection Métamorphose)
[A partir de 8 ans]

D’une originalité folle, c’est avec cette bande dessinée hors-norme que j’ai découvert le travail de l’auteure !

Trois enfants se perdent en forêt alors qu’ils empruntent un raccourci dans le cadre d’une chasse au trésor. Ils pénètrent alors dans un monde totalement loufoque qui n’est pas sans rappeler celui d’Alice aux Pays des merveilles, mais dont l’ambiance sombre et inquiétante se rapproche aussi de certains contes de Grimm. 

« Dans l’obscurité, elle courut aussi vite qu’elle put, mais déjà une triste fin l’attendait.
La forêt ne relâche, en effet, pas si facilement ce qui lui appartient… »

« On raconte que loin du monde des Hommes s’étend une forêt cruelle et mystérieuse. Elle appâte en son sein les voyageurs égarés à la recherche d’un foyer, afin de les dévorer pour l’éternité. »

Le graphisme de l’ouvrage ne peut laisser le lecteur indifférent tant il est original et hors norme. Des planches aux couleurs douces côtoient ainsi des pages entières de noir et blanc : on a l’impression de subir les caprices graphiques de l’auteur, qui nous impose des styles et des influences japonaises et nordiques bien différentes… c’est sans doute un côté déstabilisant de l’album, mais on se laisse gagner par l’étrangeté de l’univers créé par Amélie Fléchais, plein de charme et de poésie !

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Pour plus d’infos sur la genèse de Chemin perdu, les inspirations de l’auteure, et sa manière de travailler, je vous conseille vivement cet article paru sur Madmoizelle.com, qui contient notamment une interview d’Amélie Fléchais !

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Le Petit loup rouge
; 80 p.

Publié chez Ankama Editions
[A partir de 8 ans]

Amélie Fléchais propose ici une énième réinterprétation du célèbre conte de Perrault : Le Petit Chaperon rouge.

L’histoire est celle d’un petit louveteau, envoyé par sa maman à travers la forêt afin d’apporter de la nourriture à sa grand-mère mal en point. Attiré par plusieurs distractions hors du sentier qu’il doit suivre, il ne tarde pas à se perdre, mais rencontre une jeune fille adorable qui lui promet de l’aider à retrouver son chemin. (mouais, on y croit tiens…!)

« Fais bien attention à éviter la forêt de bois morts où vivent le chasseur et sa fille. Ils sont vifs, cruels et détestent les loups ! Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur, alors ne t’aventure surtout pas là-bas ! »

En inversant ainsi les rôles des personnages, l’auteure donne ainsi une toute autre dimension au récit, tout en conservant l’ambiance sombre des contes originaux. Elle montre que le méchant n’est pas toujours celui que l’on croit, et mêle habilement les thèmes du mensonges et des préjugés, tout en abordant aussi la question du deuil. 

Quant à ses dessins, tous plus somptueux les uns que les autres, ils appellent à pénétrer dans l’univers féerique qu’elle nous présente. Constituées de multiples détails, et de couleurs chatoyantes, les illustrations vont de paire avec le texte, auquel elles apportent une grande poésie.

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L’homme montagne

Publié aux Editions Soleil (Collection Métamorphose)
[A partir de 8 ans]

Pour ce très bel album pour la jeunesse, Amélie Fléchais n’est cette fois qu’illustratrice, et laisse le scénario aux mains de maître de Séverine Gauthier (dont j’apprécie aussi beaucoup le travail, notamment avec L’épouvantable peur d’Epiphanie FrayeurCœur de pierre, ou encore Garance).

« Ecoute, je porte sur mon dos, les montagnes du monde, et mon front s’est creusé de tous les sentiers sur lesquels j’ai marché. Tu peux entendre dans ma voix les grondements de la terre, tu peux voir dans mes yeux l’eau de toutes les mers… »

La montagne qui a poussé sur son dos étant trop lourde à porter, un grand-père annonce à son petit-fils qu’il part pour un ultime voyage, un voyage qu’il doit accomplir seul. Le petit ne comprend pas, cherche une solution, et un plan apparaît dans son esprit : partir en quête du vent le plus puissant, qu’on trouve sur les montagnes les plus hautes, pour aider son ancêtre. Lui faisant promettre de l’attendre, commence alors une fabuleuse aventure pour ce petit bonhomme courageux. 

L’Homme montage, c’est un très beau conte initiatique , une jolie métaphore de la vie et de ses embûches, ainsi que du deuil. Au lieu de d’aborder la question de manière frontale, Séverine Gauthier choisit l’onirisme pour en parler avec une grande délicatesse. Les aventures du petit garçon apparaissent comme un voyage presque philosophique à travers ses rencontres avec le roi des bouquetins, les cailloux ou l’esprit de l’arbre… des rencontres farfelues qui vont l’aider à grandir et accepter l’absence de l’être cher.

« –Grand-père, comment es-tu toujours si sûr qu’on se retrouvera ?
Parce que mon plus beau voyage, c’est toi. »

Si ce conte s’adresse aux enfants à la base, il plaira certainement aux adultes grâce à la grande poésie qui s’en dégage. Côté graphismes, Amélie Fléchais nous livre une fois de plus de superbes planches à l’univers enchanteur ! Son travail sur les couleurs et la lumière est tel que chaque planche a chamboulé mon cœur…  Jugez plutôt : 

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Bergères Guerrières

Publié aux Editions Glénat
[A partir de 8 ans]

Le pitch est le suivant : à cause de la guerre, un petit village s’est vu dépeuplé de tous ses hommes, et ce sont les femmes qui gèrent tout, y compris la défense du territoire. Pour ça, un ordre exclusivement féminin a été mis en place : celui des Bergères Guerrières. Redoutables combattantes, elles n’acceptent que la crème de la crème dans leur rangs, et les apprenties doivent en baver avant de passer Bergères confirmées !

Qu’on se le dise, je suis tombée en amour devant le personnage de Molly (la petite rouquine de la couverture) dès les premières pages. Avec sa bouille déterminée et son caractère de cochon, la demoiselle a tout pour plaire ! Fraîchement acceptée comme Apprentie bergère, elle devra faire ses preuves et s’entraîner dur pour protéger son village. 

Molly
Matez-moi ce regard, ça rigole pas les gars

Bien que l’histoire se déroule sur une terre imaginaire (dont on a d’ailleurs une très jolie représentation sur carte en début d’album), tout est fait, je trouve, pour rappeler la culture celtique ou viking. Ainsi, certains détails architecturaux, associés à l’ambiance un peu médiévale de l’univers, m’ont vraiment fait penser au film d’animation Rebelle !

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Même au niveau des paysages, on se rapproche vraiment de pays comme l’Irlande et l’Ecosse : de la flotte, la mer à flanc de falaises, des zones rocailleuses et de vertes étendues.  Tout cet univers celtique, en plus d’être dépaysant, offre un formidable terrain de jeu aux auteurs, qui s’inspirent des légendes celtiques pour offrir au lecteur une jolie aventure sur fonds de fantastique. 

Graphiquement, on reconnait bien le coup de crayon d’Amélie Fléchais, même si ses illustrations sont ici plus réalistes que dans ses précédents albums, tous empreints d’un doux onirisme. Sa touche particulière sur la couleur et les lumières se retrouve malgré tout dans les paysages. Quant aux personnages, ils sont tous très expressifs, à tel point que certains visages m’ont fait pouffer de rire !

Bref, difficile de ne pas sautiller d’enthousiasme devant ce très chouette album qui met le travail des femmes en avant ! Les auteurs y introduisent un noyau de personnages que l’on prend plaisir à suivre, une vallée pleine de mystères que l’on a hâte de percer, et surtout, ils mettent en avant des valeurs universelles qu’il est bon de véhiculer. La bonne nouvelle, c’est que trois tomes sont au prévus ! De quoi voir l’évolution de nos apprenties bergères préférées, et sans doute découvrir ce qui se cache dans la brume… 

☞ C’est tout pour cet article, que j’ai pris beaucoup de plaisir à rédiger 🙂 Si vous ne connaissiez pas le merveilleux travail d’Amélie Fléchais, j’espère vraiment vous avoir donné envie de parcourir ses livres. Autrement, n’hésitez pas à me dire quel est votre album chouchou parmi ceux que j’ai présenté ! 

Et pour vous tenir au courant de ses nouvelles publications, par ici la compagnie ! ➡️
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