Boudicca, femme forte et inspirante ♀

Boudicca ; de Jean-Laurent Del Socorro
Publié aux Éditions Actu SF, 2017 – 288 pagesa

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Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ?

À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.

Figure phare et pourtant méconnue de l’histoire de l’Angleterre, Boudicca est ici mise en lumière par Jean-Laurent Del Socorro, qui porte un brillant hommage à l’une des premières féministes de l’Histoire.

« Je n’ai pas besoin de lui car j’assume désormais d’être une de ces solitaires qui n’existent que par elle-même là où d’autres ne peuvent vivre qu’en meute. Je laisse bien volontiers les mots à Pratsutagos. Je n’ai définitivement besoin que du silence. »

La plume de l’auteur a le mérite d’être accrocheuse : il ne s’embarrasse pas de fioritures et va droit à l’essentiel, à l’image même de Boudicca, cette reine plus à l’aise au maniement des armes que des mots. Le tout donne un style agréable à la lecture, qui se charge de plonger le lecteur dans un contexte historique pourtant complexe ! On sent d’ailleurs le gros travail de documentation qu’a fourni l’auteur (cf bibliographie en fin d’ouvrage). Preuve en sont, en plus des informations historiques relatées, les coutumes et rites celtes que l’on appréhende au fil des pages : déroulement d’une cérémonie funéraire, importance des druides dans la communauté, relations homosexuelles et polygamies ancrées dans les mœurs etc.

Boudicca dresse le portrait d’une femme déterminée et atypique pour son époque ! Son évolution s’avère passionnante à observer, d’autant qu’on nous conte tous les aspects de sa destinée et ce de manière très claire. Le roman est ainsi structuré en trois parties : fille de roi (28-43 après J.-C.), épouse et mère (44-59 après J.-C.), reine et guerrière (60-61 après J.-C.). Ainsi, d’une fillette peu sûre d’elle et en manque d’amour paternel, elle deviendra une reine respectée et soucieuse de son peuple, tout en incarnant une guerrière d’envergure, en plus d’être mère. Si elle intrigue par son caractère prononcé et sa volonté d’être l’égale des hommes en tout point, les relations qu’elle entretient avec nombre de personnages secondaires sont enrichissantes et formatrices :  le druide Prydian se charge de l’éduquer et de lui prodiguer ses conseils, Ysbal , une féroce guerrière, veille sur elle depuis toujours, tandis que son amante Jousse lui offre ses bras réconfortants.

« Chaque femme et chaque homme est forgé deux fois : la première fois par les mots des autres, la seconde par ceux que nous gardons en nous-mêmes. »

Au final, Jean-Laurent Del Socorro se contente de citer certaines batailles nécessaires pour repousser les envahisseurs Romains, mais insiste peu sur la dimension épique de celles-ci, n’en offrant qu’un vague aperçu. (et c’est tant mieux à mon sens !)

☞ Femme d’exception au destin marquant, Boudicca est inspirante et nous offre une porte d’entrée vers la culture celte au moment même où ces peuples voient leurs traditions leur échapper petit à petit. Une vraie réussite !

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Les Geôliers : le roman qui donne l’impression d’un bad trip !

Les Geôliers; de Serge Brussolo
Publié aux Éditions Folio SF, 2017 – 491 pages

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Il y a quinze ans, Debbie Fevertown s’échappait de Dipton après avoir tué sans pitié son mari et ses deux fils. Aujourd’hui, Jillian Caine est engagée par le réalisateur Dieter Jürgen pour écrire le scénario d’un biopic retraçant la vie de la meurtrière.
Jill rencontre des gens qui ont connu Debbie et ont partagé son quotidien, se rend sur les lieux du crime et découvre que la réalité n’est peut-être pas celle que les médias ont décrite à l’époque. Quels mystères recèle l’étrange ville de Dipton ?

 

Lu dans le cadre du Prix Imaginale des bibliothèques, ce roman -ma première découverte de la plume et l’univers de Serge Brussolo- reste à ce jour, je crois, l’expérience de lecture la plus perturbante que j’ai eue ! Le roman m’a interpellée à plusieurs reprises, et même plusieurs jours après l’avoir terminé, je ne suis toujours pas sûre d’avoir les mots pour le qualifier (du coup j’ai truffé cet article de gifs pour que la pilule passe mieux 😉 ).


☞ L’antichambre de l’enfer


« Il connaît la devise des Geôliers : rien ne doit entrer, rien ne doit sortir »

Imaginez une bourgade américaine coupée de tout, en bordure de forêt. Là-bas vous ne trouverez aucun accès internet ou mobile, mais des traditions ancestrâles vis à vis des arbres, et d’étranges bûchers disséminés ça et là en ville. Les habitants protègent farouchement leur communauté très fermée et flirtent avec l’obscurantisme. Ca y est, vous y êtes ? Bienvenue à Dipton ! (Vous restez, non ?)

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On mélange et ça donne ?…du Brussolo !


Du thriller au surnaturel il n’y a qu’un pas, que l’auteur franchit aisément. Les Geôliers est donc un roman hybride que l’on peine à qualifier : une louche de thriller, un soupçon de science-fiction et une bonne pincée de fantastique feraient-elles l’affaire ? 

A ma grande surprise, l’enquête autour du meurtre commis par Debbie Fevertown ne représente au final qu’une partie infime du roman, et Serge Brussolo ne tarde pas à laisser place à l’action : tournage à Dipton, relations tendues avec les locaux jusqu’à ce que tout dérape.

Mais quelle imagination foisonnante ! Sans spoiler quoique ce soit, si vous ouvrez Les Geôliers, vous aurez droit à un discours sur les extraterrestres, à un mystérieux culte autour des arbres, à une communauté étrange coupée du reste du monde, et à des monstres grotesques, rien que ça !

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Une progression contrastée


Si j’ai peiné à m’immerger dans l’histoire, le mystère s’épaissisant autour de Dipton m’a pourtant happée au bout de quelques chapitres. La mise en place peut paraître lente, mais les péripéties ne tardent pas à s’enchaîner, et la tension narrative qui s’installe subtilement est telle que je n’ai pas pu faire marche arrière avant d’avoir le fin mot de l’histoire ! 

Ajoutez à ça l’ambiance lourde -presque malsaine par moments- qui s’insinue au fil des pages, et vous aurez une idée de mon état pendant la lecture :

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☞ Rêve ou réalité ?


Les Geôliers est de ces romans qui mettent à mal la perception du réel ! Si la première partie du roman est la plus réaliste, Serge Brussolo en profite aussi pour nous faire douter de tout… Ainsi, les témoignages recueillis par Jillian dans le cadre de son enquête prennent des allures d’élucubrations de cinglés tandis que le doute s’installe en même temps chez l’héroïne. Délire paranoïaque ou  vérité monstrueuse ? C’est la question qui taraude le lecteur pendant presque 500 pages 😉 

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Ça vous rappelle quelque chose ?

☞ Comportements humains


C’est finalement une belle étude sociale à laquelle nous convie l’auteur : tous les personnages du roman sont surprenants à leur manière, et plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord.

Dieter, par exemple, est certainement le protagoniste le plus loufoque, malsain et fantasque du récit. Il représente à lui seul bon nombre de déviances humaines, et pourtant…

Quant à Jillian, elle gagne sa vie en écrivant : autrement dit elle n’a rien de l’heroïne badass que l’on attendrait dans ce genre d’aventure. Au contraire, elle tient plus de l’héroïne du quotidien à laquelle on s’identifie facilement : ses hésitations la rendent d’autant plus proche du lecteur, lui aussi décontenancé par les évènements.  


☞ ‘tention c’est pas tout rose


Il est temps d’émettre quelques réserves, car vient un moment où le récit en fait un peu trop : des incohérences ressortent, les coups de théâtre sont un peu évidents, et décrédibilisent du même coup certaines situations.

J’aurais aussi aimé en apprendre davantage sur le « fonctionnement » des arbres, certains points restant plutôt obscurs, même si ne gênant pas le récit en soi. (#jechipote)


Les Geôliers ressemble ni plus ni moins à un formidable trip sous acide ! 😀 Original et plutôt réussi, la peur n’y est jamais bien loin et l’ambiance quasi hypnotique du roman a tôt fait de nous faire perdre pied avec la réalité. Une chose est sûre : les promenades en forêt n’auront plus la même saveur désormais !

En bref :
– un mélange des genres qui fait son petit effet
– des personnages moins simplistes qu’en apparence
 ✘ – une longue mise en place un peu décourageante

Les Pirates de l’Escroc-griffe T1 : Les Terres interdites

Les pirates de l’Escroc-griffe ; de Jean-Sébastien Guillermou
Publié chez Bragelonne, 2015– 464 pages

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Lorsque Caboche, après s’être enfui de l’orphelinat militaire, part à la recherche de son père, il ne s’attendait certainement pas à rencontrer la compagnie de L’Escroc-Griffe et encore moins à monter à bord de leur bateau ! Connu pour n’avoir jamais réussi un abordage, l’équipage de Bretelle, vieux capitaine désabusé, ressemble plus à la troupe d’un cirque qu’à une bande de pirates. Mais Caboche va les entraîner dans un voyage rocambolesque sur les Mers Turquoises, à la recherche d’un trésor mythique. Une quête dangereuse puisqu’ils sont pourchassés par l’invincible et immortel Amiral-Fantôme, et qui les mènera jusqu’aux confins du Monde-Fleur, aux abords des mystérieuses Terres Interdites…

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Si j’ai vu, comme un paquet de gens à l’heure actuelle la saga « Pirates des Caraïbes » au cinéma, je n’ai jamais était une fan de piraterie et d’aventures sur les mers pour autant (je n’ai même jamais lu L’île au trésor », c’est dire!). Et pourtant, ce premier tome m’a séduite dès les premières pages ! Explications d’un coup de cœur :

☞ Un schéma assez classique, mais…

La trame de l’histoire est somme toute assez répandue : un orphelin apprend que son père pourrait être encore en vie, et fonce dans l’optique de le retrouver. Pour cela, il va devoir se dénicher quelques alliés, mais se retrouve mêlé à une chasse au trésor qui le dépasse.

On est d’accord, jusque là, rien de très original… Sauf que Les Pirates de l’Escroc-griffe tient à la fois du roman de cape et d’épée, et du roman de fantasy, et c’est là que la formule fonctionne très très bien !

Jean-Sébastien Guillermou nous plonge dans une aventure trépidante, où jamais le rythme ne faiblit, le tout avec une écriture agréable, de l’humour à chaque chapitre, et des dialogues vifs et plaisants. La petite touche de steampunk qui vient agrémenter le texte m’a beaucoup plu aussi, même si c’est avant tout l’univers qui m’a emballée.

☞ Un univers extraordinaire

Il y a quelque chose d’extrêmement poétique dans l’univers proposé, qui m’a paru à des années-lumières de ce que j’ai pu lire ailleurs ! Effectivement, le Monde-Fleur dans lequel évoluent les personnages est une formation à huit pétales, qui se referment chaque soir et produisent une nuit sans étoiles.
A côté de ça, il y a le Royaume des Mers Turquoises, où cohabitent deux espèces principales : les hommes, et les Kazarsses, des hommes-iguanes qui leur sont soumis.

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Carte dénichée sur le site de l’auteur

Jean-Sébastien Guillermou développe admirablement le background historique et la mythologie associée à son univers. Il explique notamment ce qui a causé le Cataclysme et l’apparition du Maelström, un gigantesque tourbillon et sorte de divinité. Il introduit également les rois-tyrans, les mousquetaires noirs qui opèrent sous leurs ordres, ainsi que le principe des noiretefacts, des objets magiques d’une grande puissance.

L’ensemble m’a paru extrêmement fouillé et graphique : les descriptions de l’auteur sont suffisamment riches -sans être lourdes pour autant- pour que l’on ait aucun mal à se représenter les décors ou même les scènes d’actions. Ce monde-Fleur offre un gros potentiel, qui, je l’espère, sera encore développé dans les tomes suivants (que je vais m’empresser d’aller chercher en librairie) !

☞ Des personnages atypiques !

Loin des compagnies de héros qui peuplent habituellement les romans de fantasy, l’équipage de l’Escroc-griffe offre pourtant des qualités certaines au roman ! Très étonnants à leur manière, les personnages sont parfois cabossés par la vie, souffrent de malformation, mais paraissent si vivants que l’on ne tarde pas à s’attacher à eux !

La seule chose que je reprocherais au roman (mais je chipote), c’est que l’intrigue toute entière soit portée uniquement par des hommes. J’aurais apprécié qu’un personnage féminin, au moins, soit mis en avant, et ait un rôle d’envergure dans l’aventure. (bon en fait, il y en a bien une, mais qui a, pour le moment, une place assez minime, alors j’attendes de lire la suite !)

☞ Vous l’aurez compris, je ne peux que vous conseiller de partir à l’aventure sur les Mers turquoises avec cet équipage hors du commun ! Si comme moi, les personnages hauts-en-couleurs, loin des clichés habituels des héros, sont vos préférés, vous ne devriez pas être déçus ! 

En bref, ce roman c’est :
– un imaginaire foisonnant
– une aventure pleine de péripéties, menée tambour battant
– une fine équipe de loosers drôlement attachants

Roslend

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Cet article a un contexte particulier, puisqu’il est publié dans le cadre de BBenLivre. Mais késako? BBenLivre, c’est une manière virtuelle de célébrer et de mettre en valeur la littérature jeunesse durant une période donnée. Organisée en parallèle à Partir en livre par Nathan, cette manifestation rassemble des blogueurs et booktubeurs de tous horizons qui souhaitent mettre ce type de littérature à l’honneur.

Cette année, pour faire durer le plaisir, l’équipe de BBenLivre à décidé de jouer les prolongations durant le mois d’août (merci à eux !), et c’est comme ça que je me retrouve à vous partager l’un de mes derniers coups de cœur aujourd’hui ! 😀

Pour rappel, BBenLivre est aussi présent sur les réseaux ! 
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PS : D’ailleurs, restez connectés, on me souffle dans l’oreillette qu’un gros concours vous attends du 31 juillet au 20 août ! (toutes les infos sont juste là !)


Roslend; de Nathalie Somers
Didier  Jeunesse, 2017 – 333 pages

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En pleine Seconde Guerre mondiale, deux adolescents, Lucan et Catriona, se retrouvent au cœur d’un secret d’état. Le dossier Roslend est classé confidentiel : compréhensible quand on sait qu’il s’agit d’un univers parallèle et fantastique, dont le destin est étroitement lié à celui de Londres. Le sort des deux mondes repose désormais entre les mains de Lucan et de son amie.

 

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J’ai rarement été déçue par les publications de chez Didier Jeunesse, qui sont toujours de qualité et assez originales pour se détacher du reste (je pense notamment aux excellents et touchants Sublutetia, Le coeur en braille, De cape et de mots, et Le Temps des mitaines si on prend en compte les bandes-dessinées). Une fois encore, la magie a opéré et je suis ressortie bluffée de Roslend !

☞ Le cliché de l’orphelin

Nombreux sont les romans pour la jeunesse à mettre en scène un personnage principal orphelin, nimbé de mystère, en quête de ses origines. Roslend ne fait pas exception, puisque Lucan, quatorze ans, découvre un peu par hasard que son certificat de naissance est un faux ! Trop tard pour les explications cependant : son grand-père, qui l’a élevé jusque là, meurt subitement, le laissant démuni, avec pour seul révélation quelques mots chuchotés sur son lit de mort : Roslend, Big Ben, la clé.

Nathalie Somers utilise ce deuil comme élément déclencheur à son récit et introduction au monde parallèle, appelé « Alter-Monde » dans tout le roman. Certes, c’est un tour que l’on retrouve souvent dans d’autres œuvres, mais cela permet aussi au héros présenté de prendre en main son destin, et à l’histoire de commencer réellement !

☞ La Seconde Guerre mondiale comme si vous y étiez

Le contexte historique est d’importance, puisque l’auteure nous plonge dans l’un des conflits les plus marquants du 20ème siècle : la Seconde Guerre mondiale. Cela fait de Roslend un roman très documenté, d’abord parce qu’il nous montre le conflit du point de vue de la population, qui subit quotidiennement les bombardements ennemis, ensuite parce qu’il fait intervenir de grandes figures historiques, comme le roi bègue George VI, Winston Churchill, mais aussi le Général de Gaule !

☞ Roslend, une création atypique

Saluons l’imaginaire merveilleux de Nathalie Somers, qui a su faire de Roslend un endroit sensationnel duquel on s’émerveille !

C’est avec bonheur que le lecteur découvre le bestiaire qu’elle nous a composé pour l’occasion : ouzgouchs, otariens des sables, et rigmuffins sont tous surprenants à leur manière.
L’auteure décrit aussi les us et coutumes des habitants de la cité, qui participent au folklore local avec leurs yeux rouges ou mauves, et leur peau de différente couleur.
De même, sa description de paysages aux noms poétiques (mention pour « la mer des sables ondulants ») et de l’architecture locale ont de quoi sérieusement dépayser ! On imagine que trop bien les cascades de Roslend, ses merveilleux bâtiments faits de verre, et la nature omniprésente.

Au fonds, Nathalie Somers est la preuve que tout n’a pas encore été écrit en matière de fantasy et qu’il y a de quoi être éternellement surpris, ce qui est quand même une excellente nouvelle !

☞ Deux mondes parallèles : un destin commun

Quand Lucan atteri dans l’Alter-Monde, on découvre certes un univers d’une originalité folle, mais surtout une terre en conflit avec ses voisins, comme l’est la capitale anglaise au même moment. Grâce aux informations fournies par Churchill, on comprend que les deux univers sont liés selon une certaine logique -même si certains points restent obscurs- : dès qu’il se produit quelque chose à Roslend, cela impacte Londres. 

Dès lors, un poids supplémentaire pèse sur les épaules de notre héros, qui doit tout tenter pour sauver sa nation, ce qui augmente encore l’intérêt de l’histoire pour le lecteur ! Lucan va d’ailleurs pouvoir accomplir sa destinée : lui qui ne rêvait que de rejoindre les rangs de la RAF à Londres, va pouvoir combattre à dos d’ouzgouchs volants pour défendre Roslend ! (ce qui, si on me demande mon avis, est bien plus bad-ass et rigolo -mais tout aussi dangereux- !)

Au passage, mention spéciale à Taï-Marc Le Tthanh pour la réalisation de cette très jolie couverture qui met en évidence l’analogie directe des deux univers. Tout prend sens une fois la lecture terminée !

☞ Une histoire palpitante

Passionnant, c’est le mot que je choisirais pour qualifier Roslend ! D’emblée, Nathalie Somers alterne les chapitres relativement courts, et partage l’intrigue entre le Blitz de 1949 dans l’Ego-Monde, et les évènements de l’Alter-Monde. L’intérêt du lecteur se voit maintenue par un mini cliffhanger en fin de chapitre, ce qui fait de Roslend un roman très difficile à interrompre !

☞ Captivant de bout en bout, j’ai été emballée dès les premières pages par Roslend ! Nathalie Somer y mêle habilement fantastique, historique et aventure, le tout avec des personnages charismatiques et un univers parallèle des plus étonnants. Rythmé et addictif, le roman est une véritable invitation au voyage pour qui aime se plonger dans des histoires fabuleuses. Une choses est sûre : je serais au rendez-vous pour le deuxième tome !

En bref ce roman c’est :
– une création originale, complètement innovante
  – un mélange de genres astucieux
  – une histoire fascinante, impossible à lâcher !


BBenLivre se poursuit durant tout le mois d’août !

 

Rendez-vous dès demain sur la chaîne de Céline Online:
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Shades of Magic

Shades of Magic; de V.E. Schwab
Publié aux Éditions Lumen, 2017 – 508 pages
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Kell est le dernier des magiciens de sang, des sorciers capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est, à chaque fois, le cœur et l’âme. Depuis la contagion de l’un de ces Londres, il est interdit de transporter le moindre objet entre les univers. C’est malgré tout ce que Kell va prendre le risque de faire, histoire de défier la famille royale qui l’a pourtant adopté comme son fils. à force de jouer avec le feu, il finit par commettre l’irréparable : il emporte jusque dans le Londres gris une pierre noire comme la nuit, qu’une jeune fille du nom de Lila décide, sur un coup de tête, de lui subtiliser. Pour elle comme pour lui, le compte à rebours est lancé. 

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☞ Un univers bien développé

Victoria Schwab met en place un univers d’une richesse et une complexité que l’on se délecte à découvrir. Construire un monde de A à Z n’est déjà pas chose aisée, mais en mettre en place quatre différents, chacun ayant leur identité, est admirable !

Le lecteur prendra grand plaisir à assimiler l’histoire, les coutumes et les habitudes de chaque Londres présenté. Le tout est en plus savamment dilué au fil de ce premier tome, pour ne pas prendre le risque de noyer le lecteur sous de multiples informations.

☞ Des personnages charismatiques !

Les personnages façonnés par l’auteure contribuent pour beaucoup au charme de cette histoire à base de magie et de mondes parallèles.

Kell, est bien difficile à cerner, tant c’est un personnage est fait de contradictions et de mystères. Tout un pan de son histoire personnelle lui échappe, et si sa fonction d’émissaire entre les différents mondes le rend spécial, il reste l’un des derniers Antaris vivants, ce qui l’isole d’avantage.

Quant à Lila, que dire de cette voleuse débrouillarde, avide de découvertes et de liberté ? J’ai accroché d’emblée à  sa forte personnalité : c’est une jeune fille courageuse, qui n’a pas la langue dans sa poche, et fait preuve d’un cynisme à toute épreuve.

Les deux jeunes gens forment un duo bien assorti, et complémentaire. J’ose espérer qu’une romance ne verra pas le jour dans les prochains tomes, au risque de prendre le pas sur le reste de leur aventure (car il n’y a aucun doute, à la fin de ce premier opus, que leurs routes se croiseront à nouveau !).

☞ et du rythme avec ça !

Les cent premières pages ne sont pas les plus riches en action, puisqu’elle servent d’abord à l’auteure à développer son univers, dense et unique. Le lecteur y découvrira donc tour à tour les différentes versions de Londres, leur histoire commune, et se familiarisera avec le fonctionnement de la magie du sang, ainsi qu’avec les principaux protagonistes.

Passée cette première partie très descriptive, les rebondissements s’enchaînent pour nos deux héros, et Victoria Schwab gère de manière admirable le rythme de son histoire ! Dès lors, on alterne donc entre aventure et action, utilisation de cette magie si particulière, et visite des mondes parallèles sur les pas de Kell et Lila. 

La fin m’a particulièrement séduite : sans cliffhanger insoutenable, Victoria Schwab apporte une conclusion satisfaisante à son récit, tout en laissant suffisamment de questions sans réponse pour que l’on ai envie de foncer lire la suite !

 Riche, sans être trop dense pour autant, ce premier tome est une vraie réussite, et mérite largement toute l’attention qu’on lui a porté à sa sortie ! Des personnages mystérieux, une histoire menée tambour battant, une utilisation de la magie des plus originales, et un univers unique et créatif : l’imaginaire de Victoria Schwab laisse admiratif ! 

En bref :
– un univers richement décrit
  – des personnages haut en couleurs
– un récit haletant

  – un très bel objet livre

Génération K : tome 2

Génération K : tome 2; de Marine Carteron
Publié aux Éditions du Rouergue, 2017 – 380 pages

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Toujours traqués pour leurs redoutables pouvoirs, Kassandre, Mina et Georges sont enfin parvenus à se réunir. Leur ADN mutant fait d’eux des génophores, des êtres aux pouvoirs terrifiants. Mafieux et scientifiques essayent de les capturer pour cette raison. Mais bientôt tout cela n’aura plus d’importance car Le Maître arrive…

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Souvenez-vous, le premier tome était prometteur et annonçait une histoire sombre, sur fonds de manipulation génétique et de chasse à l’homme (si c’est un peu flou dans vos têtes, il y a toujours ma chronique, juste là).

Cette fois, on retrouve les mêmes thématiques, mais il est aussi question d’eugénisme, et d’un virus inconnu mortel, qui, en principe, épargnera les porteurs du chromosome K, afin de laisser la place à une version améliorée de la race humaine. Vous commencez à saisir les enjeux là ?…

Encore une fois, Marine Carteron offre un récit dense, étoffé, et particulièrement documenté. Les choix de narration sont semblables au précédent tome, et la variété des points de vue donne au lecteur une plus large compréhension des événements. Quant à l’écriture à la 1ère personne dans le  journal intime de Mina, c’est finalement un procédé appréciable, qui vient briser le rythme initial.

Les personnages gagnent en consistance tandis qu’ils prennent conscience de leurs vies antérieures (oui, oui, le roman flirte avec l’ésotérisme et aborde aussi le thème de la réincarnation !). De nouveaux protagonistes apparaissent : on fait connaissance avec Enki, un autre des Génophores, le peuple des Tziganes -les protecteurs du Maître-, ainsi qu’avec la mère de Kassandre, peu présente dans le premier opus.

En parallèle, l’auteure décide de revisiter le mythe du vampire avec « Celui devant qui on se courbe », personnage mystérieux et colérique, qui semble à l’origine de l’humanité entière. Mais attention, la légende est largement modernisée : nul crypte ou caveau gothique dans Génération K, pas de description romantique de la chose non plus ! Ici, « le Maître » est trimbalé sur les petites routes, par ses adeptes, à bord d’un camping-car en attendant que les Génophores, viennent à lui pour mettre fin à son long sommeil.

Si l’action est au cœur du roman, avec moult courses-poursuites, combats et scènes violentes, émotion et sensibilité sont quand même au rendez-vous dans ce second tome, à mesure que des bribes de souvenirs remontent en mémoire des trois héros, qui se redécouvrent alors sous un jour nouveau.

Nul doute que le talent de Marine Carteron se confirme avec ce nouvel opus ! L’intrigue amène avec elle une mythologie qu’il est agréable de redécouvrir au fil de l’histoire, et les nombreuses révélations font du roman un véritable page-turner ! Une chose est sûre, ce très bon récit d’aventure, sur fonds de thriller et de fantastique, vous fera regretter de ne pas avoir la suite directement sous la main !

En bref :
une intrigue prenante et rythmée
– des personnages fouillés
– un imaginaire très fourni

Hugo de la nuit

Hugo de la nuit; de Bertrand Santini
Publié chez Grasset jeunesse, 2016 – 224 pages

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“Une nuit d’été. Un enfant. Des fantômes. Un secret.” En dévoiler davantage que ne le fait le maigre résumé de quatrième de couverture serait quasi-criminel. Hugo de la nuit fait partie de ces romans qui ne se racontent pas, ou très peu, si l’on veut pouvoir le savourer comme il se doit !

Il est bien question d’un enfant -le petit Hugo âgé de tout juste douze ans- et de son aventure la nuit de son anniversaire, parmi les occupants d’un cimetière. Et pour cause : dès le prologue, on apprend la mort du jeune garçon.

Le récit de Bertrand Santini a indéniablement des allures de conte. Sombre, et même macabre par moment, Hugo de la nuit n’en est pas moins bourré d’humour savamment dosé et d’expressions désuètes (la faute aux fantômes morts depuis plusieurs siècles que le garçon va côtoyer). D’ailleurs, l’atmosphère qui s’en dégage m’a clairement fait penser à l’univers loufoque de certains films de Tim Burton (Beetlejuice par exemple).

On navigue entre rêve et réalité au fil de l’écriture très poétique de l’auteur, et ce jusqu’à la toute fin du récit. Le rythme est soutenu grâce à de courts chapitres et un changement d’atmosphère constant : l’histoire est tantôt émouvante, tantôt joyeuse et farfelue, tout en laissant plusieurs fois la place au drame.

Peu nombreux sont les romans jeunesse qui osent aborder le sujet de la mort. Ici, l’auteur le fait avec une grande originalité, nous livrant en même temps une réflexion sur la vie et la mort, le rêve et la réalité. Je ne connaissais pas l’imagination et la plume de Bertrand Santini, mais n’hésiterai pas à me laisser tenter par ses nouvelles publications à l’occasion!

Et pour le plaisir, parce qu’il y avait vraiment de merveilleux passages :

“-Allons petit, ne comprends-tu pas que la mort est supérieure à la vie ?

-L’être humain fait honte aux étoiles. Quel regret y a-t-il à cesser d’en être un?”

“Il y a une chose que je n’écris pas dans mes livres, tu sais ? Une vérité qu’il est inutile de raconter aux enfants. Le monde est un endroit cruel, injuste et absurde. Je le cache non pas pour mentir ou tricher, mais parce que je crois que les histoires sont faites pour consoler et donner du courage. Mais quoi qu’on écrive, quoi qu’on invente, le monde demeure cruel, injuste et absurde.”

En bref :
– une couverture à tomber ❤ !
– une ambiance un peu “burlesque”
– une plume poétique et très fluide

Pourquoi lire la Passe-miroir ?

Les fiancés de l’hiver & Les disparus du Clairdelune; de Christelle Dabos
Publié chez Gallimard jeunesse, 2013 et 2015 –  528 et 560 pages

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Je les ai lu plusieurs fois chacun, et relu tout récemment dans le cadre de la lecture commune organisée par Bulledop. Je vous livre donc ici, non pas mon avis sous forme de chronique, mais plutôt quelques arguments valables pour vous lancer, enfin, dans cette merveilleuse saga  🙂

☞ une héroïne qui respire la normalité
Chose rare en littérature young-adult, ici Ophélie – l’héroïne de la série- nous ressemble. Elle n’est ni particulièrement courageuse, ni particulièrement « bad-ass », et son physique s’avère plutôt quelconque et n’est jamais vraiment mis en avant. Mieux encore, elle commet des impairs, et ne se tire pas forcément de toutes les situations par d’improbables tours de passe-passe. Bref, elle attire la sympathie par sa banalité, ce qui fait qu’on l’aime dès les premières pages !

☞ des personnages qui surprennent
Autre point appréciable, qui vient briser les codes établis dans ce type de littérature : tous les personnages -ou presque- tiennent de l’antihéros. Pour n’en citer qu’un échantillon, nous avons par exemple :
   – Archibald, l’ambassadeur volage, dont la manière d’agir est totalement à l’opposé du sérieux que l’on attendrait de ses fonctions !
   – Thorn : loin d’être le gendre idéal, c’est au contraire un misanthrope détesté de tous, froid et calculateur au premier abord, mais qui s’avère particulièrement attachant (et même plus que ça <3) au fur et à mesure des pages.
  – Le Chevalier, un enfant aux puissants pouvoirs, qui s’apparente davantage au psychopathe qu’au mignon chérubin…

J’ai rarement vu des protagonistes aussi bien construits. Ici, même les nombreux personnages secondaires ont une épaisseur appréciable. D’ailleurs, je suis certaine que le soin apporté aux personnages est le point fort de cette saga !

☞ une romance qui n’en est pas vraiment une
Vous commencez peut être à cerner mes goûts littéraires : j’ai la romance en horreur ! Et au vu du résumé du premier tome, j’avais bien peur de me retrouver face à une énième histoire de cœur un peu niaise, dans laquelle les héros tomberaient irrémédiablement sous le charme l’un de l’autre. Heureusement, la vérité est toute autre !
Il faut dire qu’ici, la relation entre Thorn et Ophélie se construit petit à petit, sans qu’on croit un seul instant qu’elle puisse déboucher sur des sentiments plus forts…ce qui rend les rares passages où nos deux héros se dévoilent d’autant plus émouvants à mon sens (je crois bien n’avoir jamais souri aussi niaisement de toute ma vie, et oui je me ramollis…)

☞ une plume hors du commun
Là encore, Christelle Dabos surprend dès le départ grâce à son style d’écriture incomparable ! Elle a réellement une plume qui lui est propre -légère tout en étant précise-, ce qu’on ne croise pas souvent dans d’autres romans young-adult. La précision quasi-photographique qu’on retrouve dans ses écrits permet au lecteur de s’immerger complètement dans l’histoire, et d’imaginer très précisément le Pôle, la Citacielle et tous les lieux dans lesquels évoluent les personnages.

☞ un univers merveilleux
Riche et bourré de détails qui pourraient faire l’objet de nombreuses autres histoires, le monde que l’auteure a créé est tout simplement fabuleux ! C’est simple, à la lecture du premier tome, j’ai eu la même sensation que lorsque je me suis plongée dans les Harry Potter à l’âge de huit ans : celle de pénétrer dans un univers incroyable dont je ne voudrais plus jamais me détacher. C’est toute une mythologie qu’elle développe dans son récit,  toute une Histoire qu’elle invente à partir d’un monde éclaté, d’esprits de familles inconstants et d’Arches aux clans dotés de divers pouvoirs. De quoi vouloir connaître le passé de chaque personnage croisé au détour d’une page, d’explorer chaque Arche, et d’en savoir plus sur le passé des différentes familles présentées. Bref, des heures de bonheur en perspective…  🙂

☞ une suite à la hauteur
Qu’on se le dise, les suites s’avèrent souvent moins bonnes que le premier opus… Oui mais, ici que nenni ! Si Les fiancés de l’hiver avait vocation à poser les bases de l’univers riche est complexe imaginé par Christelle Dabos, dans le second tome, l’intrigue, loin de se tasser, est encore plus dense. La personnalité de nos héros s’affirment, tandis que de nouveaux personnages secondaires font leur apparition et permettent à l’histoire de s’étoffer. Qui plus est, le tome s’achève sur une question troublante qui montre bien que  l’univers qu’a constitué l’auteure est encore plus mystérieux et obscur qu’on ne l’imaginait au départ.

A défaut de vous avoir totalement convaincu, j’espère vous avoir au moins intrigué -suffisamment pour aller jeter un œil- ! Attendez-vous cependant à être frustrés et impatients à la fin de votre lecture : courage, le troisième tome débarque sûrement en librairie cette année ! 😉

Harry Potter and the Cursed Child ϟ

Harry Potter and the Cursed Child by J.K. Rowling, John Tiffany & Jack Thorne
Publié chez Little, Brown and Company, 2016 – 343 pages
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Être Harry Potter n’a jamais été facile et ne l’est pas davantage depuis qu’il est un employé surmené du Ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus, doit lutter avec le poids d’un héritage familial dont il n’a jamais voulu.

Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité : parfois, les ténèbres surviennent des endroits les plus inattendus.

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[ATTENTION, RISQUES DE SPOILERS !]

Soyons bien d’accord : pour moi, le mythe Harry Potter prenait fin avec le septième tome de la série. Alors quand j’ai entendu parler de la sortie d’une nouvelle histoire, j’étais curieuse -évidemment- mais surtout très perplexe.

☞ Un script, pourquoi pas ?
Présenté comme le 8ème tome de la saga, “Harry Potter and the Cursed Child” prend en fait la forme d’
un script de la pièce du même nom. Le point gênant selon moi? Que J.K. Rowling ait apposé son nom sur la couverture -sans doute pour des raisons marketing assez évidentes- alors qu’elle n’a pas écrit le texte de la pièce, mais simplement chaperonné le projet…
Bien que
réticente à l’idée de lire un texte de théâtre, au fond le format ne m’a pas posé problème. N’avoir que très peu d’éléments descriptifs fait carburer l’imagination et permet une bonne visualisation des différentes scènes.
Ceci dit, il faut bien avouer que les répliques souvent plates et les longues didascalies m’ont posé soucis à la lecture. D’ailleurs, pour moi, certains éléments présents dans les didascalies étaient purement narratif et n’y avaient pas leur place.
Pour ceux qui hésiteraient encore à commencer le livre en anglais : soyez rassurés, le niveau de langue reste très accessible, du fait que la pièce compte peu de descriptions.

Welcome back !
Quelque part au fond de mon petit cœur de lecteur, il y avait forcément la joie de m’immerger dans cet univers familier et de découvrir, dès les premières pages,
comment a évolué le trio inséparable après toutes ces années, aussi bien au niveau familial que professionnel. L’occasion de voir si les théories qu’on avait élaborées il y a des années sont finalement devenu réalité !

Un héros tête à claques VS un compagnon d’aventures attachant
Parallèlement, de nouvelles têtes font leur apparition : je pense surtout au duo Albus/Scorpius.
Une chose est sûre, le jeune Albus est bien le digne fils de son papounet : la preuve, il en a tout à fait le comportement. Même si l’on passe sur le côté garçon-en-pleine-crise-d’ado, je l’ai trouvé exaspérant au possible et très immature. A contrario, je me suis vite prise d’affection pour Scorpius, le fils Malefoy, bien plus débrouillard et sympathique que son camarade. Il constitue à lui seul l’unique vrai point positif du livre.

☞ On est pas un peu trompés sur la marchandise ?
D’abord, le script comporte plusieurs incohérences qui m’ont fait froncé les sourcils plus d’une fois (comme cette histoire de Polynectar, ou encore de retourneur de temps si bien caché…#ironie). A cela s’ajoute l’impression que les auteurs se moquent un peu des fans. Oui parce que pour moi, faire revenir des personnages disparus dans les tomes précédents est un procédé un peu facile…surtout quand on a été habitué à des procédés plus élaborés de la part de J.K Rowling.

Ensuite, j’ai bien conscience que les années ont passé, que les caractères évoluent avec le temps, rien de plus normal. Mais là, où sont passés les personnages fabuleux qui avaient marqué ma lecture il y a des années ?! Si Harry est toujours aussi agaçant, Hermione et Ginny ne sont plus que l’ombre d’elles-même et Ron est carrément vu comme l’imbécile de service, ce qui m’a tout bonnement exaspérée !

☞ Le gros du problème : une existence improbable
C’est LA révélation du livre : Voldemort est papa. Delphine voilà le nom du problème ! Celui qui m’a fait crier au n’importe quoi depuis mon canapé. C’est l’annonce de trop, tombée de nulle part, comme un cheveu sur la soupe. Mais pourquoi ? Et surtout comment ? Ce n’est qu’un point de vue personnel, mais je ne crois pas Voldemort capable de s’accoupler après avoir mutilée son âme, et être à presque mort pendant des années, ni de vouloir même s’assurer une descendance quelconque… Passons sur le problème de la conception pour s’attarder sur le caractère de l’héritière du Seigneur des ténèbres : je l’ai trouvée pitoyable et assez peu charismatique contrairement à son paternel. Mince quoi, c’est quand même la fille de Voldemort, ils auraient pu l’imaginer plus vicieuse !

Au final, que ce soit sur la forme ou sur le fonds, Harry Potter et l’enfant maudit restera pour moi une espèce de fanfiction ratée. Si j’étais enthousiaste à l’idée de revoir mes personnages chouchous et de replonger dans cet univers magique, j’ai vite déchanté et ai trouvé mon lot de déceptions dans ce récit qui se contente de tourner en rond.

Je suis plus que curieuse de connaître votre opinion sur la question. Si vous l’avez lu, avez-vous aimé ?  🙂

L’Héritage des Rois-Passeurs

L’Héritage des Rois-Passeurs; de Manon Fargetton
Publié chez Bragelonne, 2015 – 375 pages 

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Ombre, univers peuplé de magie, et Rive, le monde tel qu’on le connaît, sont les deux reflets déformés d’une même réalité.Énora est unique : elle peut traverser d’un monde à l’autre. Lorsque sa famille est brutalement décimée par des assassins masqués, elle se réfugie au seul endroit où ses poursuivants ne peuvent l’atteindre. Au royaume d’Ombre, sur la terre de ses ancêtres. Là-bas, Ravenn, une princesse rebelle, fait son retour après neuf ans d’exil passés à chasser les dragons du grand sud. Sa mère, la reine, est mourante. Ravenn veut s’emparer de ce qui lui revient de droit : le trône d’Ombre. Et elle n’est pas la bienvenue.Deux mondes imbriqués. Deux femmes fortes, éprouvées par la vie. Deux destins liés qui bouleverseront la tortueuse histoire du royaume d’Ombre…
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J’ai pris grand plaisir à découvrir Manon Fargetton avec ce roman de fantasy, elle qui fait aussi dans la littérature jeunesse ou le thriller. J’avais repéré qu’elle serait présente au salon de Montreuil pour présenter son dernier roman, aussi, j’attendais de m’y mettre avec impatience et curiosité, persuadée que l’intrigue me plairait : et ce fut le cas !

L’un des points forts du roman est, à mon avis, l’alternance des points de vue qui nous permet de découvrir petit à petit les différents protagonistes. Tous les personnages, quelque soit leur camp, sont extrêmement bien construits. Chacun possède une personnalité forte et souvent un sacré caractère ! Si la princesse Ravenn m’a beaucoup plu, j’avoue avoir eu plus de mal avec Enora, qui n’apporte pas grand chose au roman. J’ai de loin préféré Charly et Julian, les deux frères avec qui elle débarque en Ombre ! Reste que l’on a quand même la présence de deux femmes fortes comme héroïnes, même si la jeune Enora paraît un peu stéréotypée et fade par rapport à Ravenn. Autre point appréciable : la communauté LGBT est également représentée. En effet, la princesse, en plus d’être badass et tueuse de dragons, semble préférer les femmes, au grand damn de son paternel !

Les manigances politiques sont au rendez-vous, puisqu’on s’aperçoit vite que le retour de Ravenn dans la capitale n’enchante pas tout le monde… Dès lors, chacun tente de servir ses propres intérêts. C’est d’ailleurs un aspect qui m’a beaucoup plu dans l’intrigue : on n’est jamais sur de pouvoir se fier à un personnage ou non. Oeuvre-t-il pour le bien ou pour les ennemis de Ravenn ? Est-ce plus ambigu ?

L’immersion dans le roman est immédiate, grâce à la plume de l’auteure, qui va droit au but et ne s’embarrasse pas de phrases complexes ou de longues descriptions. Elle a su doser l’ensemble à merveille pour offrir un univers très complet, sans pour autant perdre le lecteur.
Si Manon Fargetton réussi en si peu de pages à développer tout un univers parallèle au notre, avec une mythologie et des croyances qui lui sont propres, la fin n’en reste pas moins un peu frustrante : L’Héritage des Rois-Passeurs a beau être un one shot, j’aurait tellement aimé en apprendre davantage sur Astria et le reste du royaume ! Difficile de décrocher du roman, tant l’univers est complexe et intéressant !

Si je n’ai rien contre la fantasy à la base, j’avoue ne pas en lire trop souvent de peur de m’engager dans une série à rallonge, ou bien de trouver la plume des auteurs pleine de fioritures… Il n’en est rien avec ce roman là, un one shot dont l’univers  suffisamment  développé et les personnages bien campés saura séduire ses lecteurs à coup sur (et peut être même en réconcilier plus d’un avec le genre !).

En bref :
une plume magique !
– des personnes haut en couleurs
– un univers maitrisé dans les moindres détails
– bien trop court !