
Depuis quelques mois j’ai soif de découvertes, notamment en matière de bande-dessinée, où je suis peu calée… j’ai donc regardé quelques chaînes Booktube, consulté quelques blogs, papoté avec deux-trois copains un peu plus spécialistes que moi, et emprunté des dizaines de titres en médiathèque pour test. Bilan de l’expérience : ça m’a bien plu, et c’est comme ça que je me retrouve à vous proposer une petite sélection thématique spéciale #Hallowctober : fantastique, horreur, noirceur, c’est parti !
Courtney Crumrin ; de Ted Naifeh
Publié chez Akileos, 2004
☞ A découvrir si vous avez aimé la saga L’épouvanteur, de Joseph Delaney !
Courtney est une étrange petite fille qui a souvent du mal à s’adapter au monde qui l’entoure. Le jour où elle doit s’installer chez son oncle Aloysius, il lui faut s’adapter à une nouvelle école, dans un environnement qui n’est pas pour la mettre à l’aise. Cependant, les évènements prennent rapidement un tour meilleur, puisqu’elle fait la rencontre d’êtres étranges et mystérieux qui vivent autour et dans la maison de son oncle. Bientôt, il apparait clairement qu’elle est mieux en compagnie de ces Choses de la Nuit qu’avec les gamins prétentieux de son école.

J’ai été charmée dès les premières pages par cette histoire hors-norme qui m’avait été conseillé par les Éditions Akileos sur les réseaux sociaux.
Si l’intrigue prend place d’abord dans un univers réaliste, on s’aperçoit rapidement qu’il est peuplé de créatures fantastiques, bienveillantes ou non. Le folklore celtique reste très présent, même si la jeune Courtney devra également côtoyer quelques gobelins, démons, et même le Roi des ombres en personne !
Courtney incarne un personnage un peu marginal : clairement misanthrope, avec un côté peste très affirmé, la petite fille est en décalage constant avec ceux qui l’entourent, enfants comme adultes. Chacun des tomes constitue un récit intrigant, mais j’ai apprécié que l’auteur développe d’autres thèmes universels en parallèle de ses aventures fantastiques. Ainsi, on retrouve, via le vécu de l’héroïne, les différentes situations problématiques à l’école (racket, isolement, moqueries…), la différence et ce qu’elle entraîne, ainsi que la relation parfois complexe avec les parents.
L’ambiance gothique qui se dégage de l’ensemble n’est pas sans rappeler les créations visuelles du réalisateur Tim Burton, ou encore la célébrissime série « La famille Adams », d’autant que les graphisme entièrement en noir et blanc, très contrasté et avec de forts jeux d’ombres, favorisent l’immersion dans cette histoire glauque à souhait. A noter qu’une version colorisée existe également, et que de nouvelles intégrales devraient sortir prochainement, en couleur cette fois !
D’autre part, la série était, à la base, disponible en six tomes, et a fait plus tard l’objet de deux intégrales. Il existe également deux hors-séries si vous souhaitez prolonger le plaisir 🙂
Wytches (T1); de Scot Snyder
Publié chez Urban Comics, 2015
☞ A découvrir si vous avez aimé certains romans (bien glauques) de Stephen King !

Après un épisode tragique durant lequel leur fille Sailor fut victime de harcèlement, la famille Rooks choisit de déménager et de se reconstruire en paix, loin de cette pénible expérience. Leur proximité avec la forêt environnante va cependant les exposer à un mal plus ancien que l’humanité…

On ne va pas se mentir, si j’ai lu cette bande dessinée, c’est avant tout parce qu’elle avait été sélectionnée par Comic Whales, pour la lecture commune du mois d’octobre. Ayant un peu de mal avec les comics d’une manière générale, les graphismes ne m’inspiraient pas tellement, et l’histoire relatée paraissait assez sombre, voire sérieusement glauque par moments. Mea Culpa, je suis une flipette !

Scott Snyder plonge effectivement le lecteur dans l’horreur et nous livre un récit inquiétant, très sombre, à la limite du gore (certaines scènes m’ont laissé la gorge serrée…). La tension est palpable, et la violence monte crescendo au fil de l’album. Bref, ayez le cœur bien accroché !

Mais Wytches, c’est aussi le portrait d’un père déterminé à retrouver sa fille coûte que coûte. Charlie Rooks a de nombreux travers et angoisses, mais sa force de caractère impressionne et transforme un récit d’horreur pure en histoire très personnelle sur l’amour filial, ce qui apporte un équilibre bienvenu à l’ensemble.

Graphiquement, les dessins de Jock se sont révélés bien plus riches et complexes que ce que j’avais cru de prime abord ! Le procédé utilisé est d’ailleurs détaillé dans les pages d’annexes (que je vous encourage vivement à lire pour en apprendre davantage sur la genèse du projet) : il s’agit d’ajouter à l’image déjà colorisée un effet de tâches de peinture sur Photoshop. Si le tout donne un effet intéressant et assez inédit, j’ai aussi trouvé qu’il rendait la lecture plus ardue.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Wytches marque les esprits… Reconnaissable entre tous par ses planches travaillées de manière originale, et par son récit malsain, à couper le souffle, nul doute que les promenades en forêt n’auront plus la même saveur !
Croquemitaines; de Mathieu Salvia
Publié chez Glénat, 2017
☞ A découvrir si vous avez aimé American Gods de Neil Gaiman !

Les monstres, ça n existe pas que dans la tête des enfants…
Passionné de lecture, Elliott a toujours eu une préférence pour les histoires de Croquemitaines, ces créatures monstrueuses qui, la nuit, se cachent dans l’ombre ou sous le lit pour effrayer les petits enfants. Il n’imagine pas à quel point elles vont changer sa vie. Car une sombre nuit orageuse, le destin d’Elliott va s accomplir…

Mathieu Salvia nous replonge dans nos peurs enfantines en utilisant la figure du croquemitaine, ces créatures qui se cacheraient sous les lits ou dans les placards pour effrayer les plus jeunes.
« Le croquemitaine voyage de nuit,
Dans toutes les caves, sous tous les lits,
Il traîne ses guêtres sans aucun bruit,
Prends garde à toi, passé minuit. »
Là où l’auteur fait preuve d’originalité, c’est en imaginant toute une caste de ces monstres, avec leurs us et coutumes, leur propre code d’honneur, et surtout une sorte de conflit intergénérationnel qui sera le propos même de la série.
L’ambiance est noire, dès les premières planches on ressent la dimension horrifique de Croquemitaines. Heureusement pour nous, Mathieu Salvia dose parfaitement la violence qu’il insuffle à son récit, ne donnant à voir que le minimum de sang et de carnage nécessaire à la cohésion de l’histoire.

L’album se termine de manière surprenante : si le récit est interrompu à un moment clé qui fera regretter au lecteur de ne pas avoir le deuxième tome en sa possession (on sent l’expérience vécue là ?…), Mathieu Salvia nous propose de jouer les prolongations à l’aide d’un dossier-témoignage monté par Elliott des années plus tard. Agrémenté de croquis, notes personnelles, procès verbaux et coupures de journaux, il offre une autre alternative à l’histoire que l’on vient de découvrir !
Visuellement, c’est une réussite aussi ! Djet opte pour des illustrations aux tons gris-verts-bleus, qui renforcent l’atmosphère malsaine se dégageant du récit. Quant aux cadrages dynamiques en plongée et contre-plongée, le rendu du mouvement est assez exceptionnel, renforçant en même temps l’immersion du lecteur.

Sueurs froides garanties avec la folle cavale d’Elliott et de Père-la-mort, cet étrange croquemitaine amical. Comics au dessin vif et accrocheur, Croquemitaines se met rapidement en place et nous projette dans une épopée au rythme haletant, captivante de bout en bout ! Et surtout, n’oubliez pas de vérifier sous votre lit… 🙂