Les Cancres de Rousseau

Les Cancres de Rousseau ; de Insa Sané
Publié aux Éditions Sarbacane, 2017 – 331 pages

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1994, Sarcelles, Djiraël en est sûr, cette année sera exceptionnelle. Il entre en terminale, dans la même classe que ses potes Sacha, Jazz, Rania et les autres. En plus, la belle Tatiana semble enfin réponde à ses avances… Cerise sur le gâteau, le prof principal, c’est monsieur Fèvre – le seul qui s’intéresse à eux. Bref, c’est parti pour une année d’éclate… sauf que parfois, plus on prévoit les choses, moins elles se passent comme on le pensait.

Un grand merci aux Editions Sarbacane -et particulièrement à Julia- pour l’envoi de ce livre plein de verve !

Si j’ai bien compris, le roman s’inscrit dans un ensemble d’autres textes (Sarcelles-Dakar, Du plomb dans le crâne, Gueule de bois, Daddy est mort…) qui, ensemble, forment la « Comédie Urbaine » de l’auteur. Si chacun met en scène plus ou moins les mêmes personnages, tous les titres peuvent pourtant se lire indépendament les uns des autres.

Ce qui saute d’abord aux yeux dans Les Cancres de Rousseau, c’est la justesse du ton employé. Le texte n’en paraît que plus authentique, Insa Sané usant beaucoup du langage de la rue, sans jamais en faire trop. Avant de se mettre à écrire, l’auteur a fréquenté le monde de la musique, et cela se sent dans la manière qu’il a d’insuffler à son texte des airs de slam par moments ! C’est donc avec un réel  plaisir que le roman peut se lire, mais aussi se laisser écouter à voix haute : prêtez-vous à l’exercice, ça change tout !

Côté personnages, j’ai complètement craqué pour Djiraël ! Sa langue bien pendue, son humour ravageur et son côté irrévérencieux en font un narrateur génial. Cette dernière année de lycée pour lui et ses potes, c’est l’occasion où jamais d’être heureux ensemble, d’exister ensemble, et il a tout prévu pour que ce soit grand, que ce soit grisant et à la hauteur de leurs espérances.

« Pour moi… ça ne signifiait rien, à vrai dire. Rien si tous ces enfoirés n’étaient plus à mes côtés ! En revanche cette année restait ma dernière chance de faire enfin tourner la roue dans mon sens, le bon. Car s’il est vrai que l’homme n’est que poussière d’étoiles, je voulais croire que nous, les cancres de Rousseau, étions nés pour briller -un jour. »

A côté de ça, c’est aussi sa fragilité qui le rend si accessible. Au fil des pages, sa carapace se fissure et laisse entrevoir la personne qu’il aimerait devenir, mais dont les choix et leurs conséquences sont incertains.

Force est de constater que ce n’est pas le seul personnage auquel on s’attache irrémédiablement. Toute sa petite bande m’a fait le même effet, sans doute parce qu’ils sont tous imparfaits à leur manière : les failles et les espoirs de chacun se révèlent petit à petit, leur offrant plus de profondeur.

Le roman se fait le reflet véritable d’une réalité sociale trop souvent représentée de manière clichée (mais si, tu sais bien : les voitures crâmées, la violence et les drogues omniprésentes etc.). Allez, on éteint le JT deux minutes et on découvre se dont il est vraiment question ici. Parce qu’au delà de ce qu’on pense, être fils/fille d’immigré en France aujourd’hui c’est surtout :

– subir les railleries du corps enseignant et ne pas être pris au sérieux : big up à Monsieur Fèvre, le seul professeur qui ne les prend pas pour des quiches et s’intéressent véritablement à eux.
– être fréquemment arrêté par la police pour « contrôle de routine », juste parce que ta tête ne leur revient pas
– se voir refuser l’entrée d’un resto ou établissement un peu chic parce que tu ne corresponds pas au standing de l’établissement (autrement dit tu fais trop racaille !)

Bien que l’intrigue se déroule au début des années 1990 (ce dont je ne m’étais pas aperçue, n’ayant pas lu la quatrième de couverture !), le propos s’avère complètement d’actualité et c’est pour moi un raison suffisante pour se plonger dans le roman !

Mais Les Cancres de Rousseau, c’est aussi un roman sur l’adolescence, ses espoirs, ses doutes et ses angoisses. Toute la bande de Djiraël se bat pour son futur et bouillonne d’une furieuse envie de vivre.

☞ Pas de doute, Insa Sané signe un roman pertinent et authentique, dénué des clichés habituels sur la banlieue, accompagné de personnages porteurs de grandes valeurs. Avec un rythme enlevé et beaucoup de justesse et d’humour, il livre un message fort qui permet au lecteur de remettre en perspective beaucoup de ses préjugés.

 

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Deux romans feel-good coup de cœur ♥

C’est parti pour un petit « 2 en 1 », ni vu, ni connu ! J’ai récemment lu ces deux publications young-adult, et leur ai trouvé quelques airs de ressemblance (notamment le fait de faire tellement de bien au moral qu’ils devraient être remboursé par la Sécu !)

La Fourmi rouge; de Emilie Chazerand
Publié aux Éditions Sarbacane, 2017 – 256 pages

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Vania Studel a quinze ans. Pour elle, la vie ne semble être qu’une succession d’épreuves où chacun est condamné à n’être personne. 
Entre sa mère morte lorsqu’elle avait huit ans, son père taxidermiste farfelu et ses relations difficiles avec ses camarades, elle se voit comme une malheureuse fourmi parmi d’autres. Mais un jour, elle reçoit un courriel anonyme qui lui révèle toute son originalité. 

 

Comme à chaque fois, il me tardait de découvrir le dernier cru Exprim’, et comme à chaque fois, j’ai bien fait de me jeter dessus dès sa sortie ! La fourmi rouge se présente comme un genre d’ovni littéraire que j’ai dévoré en quelques heures et relu dans la foulée (ouais, il y a des bouquins comme ça). Depuis, je crois qu’il passe en premier dans mon top 3 des romans Exprim’, c’est dire !

L’adolescence n’est clairement pas la meilleure période de la vie et il y a de quoi angoisser. Mais Vania, 15 ans, a des raisons supplémentaires de se faire du soucis : un défaut physique, un prénom qui laisse à désirer, et un paternel des plus farfelus, ça ne rend pas le quotidien plus facile ! Heureusement, l’autodérision est reine dans ce roman, détournant ainsi les complexes, les souffrances et la différence que l’on peut ressentir à cet âge-là. 

L’auteure nous livre une galerie de personnages particulièrement loufoques et attachants, qui ont tous un petit plus à apporter au récit. J’ai apprécié chacune de leur fêlure, cela les rend d’autant plus réalistes à mes yeux et apporte une vraie émotion au roman.

« On tirait des plans sur des tas de comètes qui ne traversaient jamais nos ciels bas de plafond. »

Le ton est vif, plein de piquant, donnant au texte un rythme enlevé : c’est simple, on ne s’ennuie jamais avec Vania et son entourage ! (ce qui explique sûrement que je me sois marrée comme une baleine en le lisant) Ceci dit, si la majorité du roman est tourné vers l’humour, Emilie Chazerand nous offre aussi quelques beaux moments d’émotion. 

Pour moi, La Fourmi rouge est le digne héritier des Petites reines de Clémentine Beauvais, et se rapproche de Je suis ton soleil de Marie Pavlenko, dont le pitch et le traitement des thèmes difficiles est assez similaire. Vraie bouffée d’air frais abordant des sujets parfois douloureux, c’est l’un des romans de la rentrée à ne pas rater !


Je suis ton soleil; de Marie Pavlenko
Publié aux Editions Flammarion jeunesse, 2017 – 466 pages

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Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s’acharne à les dévorer. Mais ce n’est pas le pire, non.

Le pire, est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d’une inconnue aux longs cheveux bouclés ?

Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l’aide, des amis, du courage et beaucoup d’humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.

J’ai littéralement dévoré cette histoire en quelques heures, tant je me suis retrouvée happée par les personnages si attachants et fragiles, l’humour grinçant qui se détache de l’ensemble, et la plume rythmée de l’auteure !

La grande force du roman, c’est évidemment Deborah, dont on suit les pensées intimes tout du long. Un brin désabusée, courageuse et pleine d’humour, elle partage de manière pertinente les aléas de son quotidien.

Je vais finir vieille fille. Sur ma tombe, on lira :
« Ci-gît Déborah, la fille qui aimait les grenouilles. Las, aucune n’eut la décence de se transformer en prince charmant. »

Oui, parce que depuis la rentrée, on peut dire que le théorème de la scoumoune (#lapoisse) n’y va pas de main morte ! Jugez plutôt : sa mère, dépressive notoire, se met à découper frénétiquement des magazines, son père a élu domicile à son travail, et Isidore, son tocard de chien, mordille toutes les paires de chaussures de la maisonnée. Pas brillant hein ?

Isidore, portrait d’un héros :

« C’est l’angoisse ce chien. Un mélange improbable de Droopy en fin de vie, Beethoven (le chien, pas le compositeur) atteint de psoriasis, et Milou passé entre les mains d’une esthéticienne sous acide. »

On suit donc Deborah sur toute son année de terminale, un peu à la manière d’un journal du quotidien. Nous sont alors exposées ses relations parfois complexes avec les adultes qui l’entourent, ce qui permet de jauger le caractère de chacun et d’en découvrir davantage sur leur passé, parfois douloureux. Heureusement, pour l’accompagner dans ses déboires, elle peux compter sur sa copine Éloïse, reine des crusheuses en série, ainsi que de Jamal et Victor, les nouveaux potes de cette rentrée haute en couleur.

 Jamal, ou le don de désamorcer les situations conflictuelles :

« Cependant, Mygale-man n’a pas dit son dernier mot .
– Je ne sais pas de quoi vous parler , mais une chose est sûre : oui , je suis son petit ami. Quand ce magnifique chien aura terminé sa besogne, nous nous mettrons nus, elle et moi, nous nous roulerons par terre et nous ferons l’amour comme des bêtes en nous barbouillant de caca. »

Jusque-là, rien de trop exceptionnel me direz-vous. Sauf que là où Je suis ton soleil  se démarque et fout les poils, c’est par son ton résolument joyeux malgré les thèmes grave que Marie Pavlenko choisit d’aborder (avortement, suicide, tout ça tout ça…). Elle fait preuve d’une grande sensibilité pour évoquer les événements, et nous livre, à grand coup d’humour, un roman léger et très rythmé, que l’on placera dans la pile des livres « à relire en cas de coup dur ». 

Mention spéciale aux noms de chapitres, qui font chacun référence à des œuvres musicales ou littéraires existantes ! Elles apportent une touche de fantaisie bienvenue qui contribue à faire le charme du roman et donnent de la profondeur au récit.

Je suis ton soleil fait partie de ces romans uniques en leur genre, teintés d’un doux optimisme, à la fois plaisants, décalés et écrits avec un talent certain. Marie Pavlenko a bien ciblé son lectorat : le vocabulaire utilisé est assez courant, l’écriture (c’est à dire les pensées de Deborah) fluide, et s’il s’agit avant tout d’un roman d’apprentissage sur l’adolescence, le récit pourra facilement plaire aux adultes (la preuve !). 


☞ En bref, dans ces romans il y a :
– des personnages loufoques et délicieusement cinglés
– un rythme soutenu qui fait que jamais on ne s’ennuie

– des thématiques difficiles, traitées sans pathos
– de l’humour en barre !

De l’optimisme en barre ☀️🍋

Lus il y a maintenant quelques mois, je ne savais pas si j’allais les chroniquer ou non par ici, et puis un soir, l’évidence m’a sauté aux yeux : ces deux merveilleux livres se ressemblent sur le fonds. Et pour cause, ils sentent bon l’été et les citrons, font la part belle à l’amitié, et malgré les thèmes parfois difficiles qui y sont abordés -quand on y regarde de près- ces deux romans jeunesse sont lumineux et remplis d’espoir. 



Les belles vies
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 de Benoît Minville

Publié chez Sarbacane (dans la collection Exprim’), 2016 – 231 pages

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Vasco et Djib, deux banlieusards inséparables, sont envoyés pour un été en pension au coeur de la Nièvre… Un choc des cultures, des personnages flamboyants : la vie belle, les belles vies.

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Les belles vies, ça sent le soleil et les vacances, la campagne et les après-midis passés à la rivière. L’histoire est assez banale et aurait pu paraître inintéressante au premier abord : deux ados, Vasco et Djib, sont envoyés pour l’été au fin fond de la Nièvre chez Tonton et Tata, un vieux couple qui, depuis des années, recueille les gamins abîmés par la vie.

Et pourtant, on s’émeut pour ce récit de vie : on rit, on pleure, on a même envie de casser des choses contre cette vie, bien injuste parfois. Pour nos héros, cet été sera comme une parenthèse bienvenue : deux mois pour s’apprivoiser, se comprendre, et s’aimer.

La grande force de ce roman, ce sont les personnages si authentiques qu’a su créer Benoît Minville ! On apprend à les aimer, tour à tour, que ce soit Dylan, jeune homme un peu paumé qui explose quand tout devient trop dur à supporter, ou sa sœur Jessica, qui collectionne les garçons dans l’espoir de se comprendre et apprendre à s’aimer elle-même. Aucun n’est à mettre dans une case, chacun est un être fait de nuances.  

A l’image de la plupart des autres publications de la collection Exprim’ de Sarbacane, Les belles vies est un roman simple en apparence, mais profondément optimiste et lumineux. Empli d’émotion, avec des personnages généreux, c’est tout simplement un livre qui fait du bien au  moral et qui montre que de l’amitié peut naître beaucoup plus.

En bref, ce roman c’est :
– des personnages sincères et attachants
– de l’humour malgré une ambiance parfois pesante
une vraie bouffée d’optimisme !



La bibliothèque des citrons
; de Jo Cotterill
Publié aux Éditions Fleurus, 2017 – 368 pages 

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À dix ans, Calypso n’a pas d’ami et trouve refuge dans les livres de sa bibliothèque, qu’elle dévore. Sa solitude prend fin le jour où arrive dans sa classe une nouvelle, Mae, qui bouscule ses habitudes de lectrice solitaire et lui ouvre les horizons insoupçonnés de l’amitié. Cette amitié tombe à pic, car à la maison les choses tournent de moins en moins rond. Il faudra toute l’amitié de Mae et la générosité de sa famille pour que cette découverte acide devienne le point de départ d’un chemin de guérison où l’amour, enfin, pourra resurgir !

La bibliothèque des citrons, c’est l’histoire la plus banale qui soit. C’est l’histoire de la vie, celle qui blesse parfois, l’histoire d’un deuil impossible, mais aussi une belle histoire d’amitié. La banalité fascine parfois, c’est exactement ce qui se passe avec le roman de Jo Cotterill : on se laisse envahir par une foule d’émotions, et l’on s’implique, quitte à y laisser quelques plumes. 

Du haut de ses dix ans, la petite Calypso semble avoir grandi trop vite. Si c’est un peu déroutant au départ, c’est aussi ce qui fait le charme du personnage. D’ailleurs, si le roman cible plutôt un lectorat jeunesse, le propos est plutôt mature, et aborde des sujets un peu difficiles, ce qui me pousse à encourager aussi les adultes à se plonger dans l’histoire touchante de cette petite fille solitaire.

Profondément émouvant, La bibliothèque des citrons fait chavirer les cœurs en abordant une foule de thèmes forts : la question du deuil, mais aussi l’état de dépression, la colère et le déni de certaines situations. L’ensemble pourrait paraître lourd et pesant, pourtant Jo Cotterill fait preuve d’une grande justesse dans son roman. 
Attention, cela n’empêchera pas le lecteur d’être envahi d’un profond malaise, notamment lors de l’épisode des cartons de livres -je n’en dévoilerai pas d’avantage, tant ce passage doit être vécu à la lecture-…

Mais au delà de ça, La bibliothèque des citrons, c’est aussi une histoire d’amitié particulièrement forte et touchante : d’une petite fille renfermée sur elle-même, on voit Calypso devenir plus ouverte grâce à l’influence de Mae, pleine de vie, avec des projets de romans plein la tête. Et puis bien sûr, il y a cet éloge à la littérature et à l’amour que l’on porte aux histoires qui font palpiter nos cœurs. Jo Cotterill développe toute une réflexion sur le sujet, en choisissant deux héroïnes particulièrement avides de lecture et d’écriture.

Il pourrait être plombant et n’offrir aucune perspective, pourtant j’ai trouvé La bibliothèque des citrons particulièrement lumineux à sa façon. Emprunt d’une douce nostalgie, il montre combien certaines amitiés peuvent être salvatrices et nous aider à avancer vers un ailleurs meilleur.

En bref, ce roman c’est :
– une complicité très émouvante
– des montagnes russes d’émotions
– des dizaines de références à des classiques de la littérature !

Songe à la douceur

Songe à la douceur; de Clémentine Beauvais
Publié chez Sarbacane dans la collection Exprim’, 2016 – 240 pages


Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant, et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse de lui, et lui, semblerait-il… aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il la lui faut absolument. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ?

coupdecoeurSonge à la douceur était l’une des sorties de la rentrée que j’attendais le plus. A force d’en entendre parler depuis des semaines sur la blogosphère, j’avais peur de placer mes attentes trop haut, et d’être déçue quand je l’aurais enfin dans les mains. Clémentine Beauvais était donc attendue au tournant…

Il faut savoir que le livre est une adaptation du roman en vers d’Alexandre Pouchkine : Eugène et Onéguine, dont l’histoire se retrouve transposée dans le Paris du 21è siècle.

En soi l’intrigue est assez banale : c’est une histoire d’amour comme il en a déjà existé des milliers. Ça pourrait donc être niais, un peu fleur bleue même; pourtant ce n’est absolument pas le cas. Bien sur, sans avoir lu le texte d’origine, il est difficile de savoir exactement ce que l’auteure a ajouté ou modifié au récit de base. Mais Songe à la douceur reste une comédie romantique à la fois moderne et drôle, et honnêtement : je n’ai jamais rien lu d’aussi beau !

J’avais quelques réserves par rapport à la forme choisie, la poésie n’ayant jamais fait palpiter mon petit cœur plus que de raison… Mais tout compte fait, les vers libres apportent un rythme très chantant au texte et j’avoue volontiers avoir lu et relu certains passages tant je les trouvais beaux ! Les mots m’ont ensorcelée dès la première page : ces mots tellement subtils et bien choisis, ces mots qui disent l’amour, le désir et l’attente.

Notons que Songe à la douceur, c’est aussi ça (et c’est beau hein?) :

L’auteure relève le défi de publier un roman entier en vers libres, nous prouvant qu’elle peut décidément écrire sous n’importe quelle forme et sur n’importe quels thèmes. Elle brise toutes les conventions du roman pour ados « classique », pour mieux en réinventer les règles, ses propres règles. Il y a décidément de l’audace chez Clémentine Beauvais, et c’est peut être bien le vent de nouveauté que l’on attendait dans la littérature jeunesse… 🙂
Lire Songe à la douceur est une expérience unique, si bien que même si vous n’en faites pas un coup de cœur, je suis certaine que sa lecture vous marquera durablement !

En bref :
√ – la musique qui se dégage de chaque page
– une forme qui séduit
-une démarche originale et novatrice