Point BD #2 : de la bande-dessinée jeunesse engagée

Ayant fait une virée en librairie spécialisée BD récemment dans le cadre du travail, (rien de tel que d’entasser les livres sur un chariot quand on sait qu’on ne dépensera pas ses propres deniers !) j’ai dévoré pas mal de mangas et bandes-dessinées de tous horizons : en voilà un premier aperçu -le reste suivra sous peu j’espère !- avec trois BD jeunesse abordant des thématiques importantes (écologie, harcèlement scolaire, condition de la femme).


Aubépine T1 : Le génie Saligaud ; de Karensac & Thom Pico
Publié aux Éditions Dupuis, 2018 – 99 pages

51pri3p7l3l-_sx195_

Prévue en quatre tomes -chacun se déroulant à une saison différente-, cette nouvelle série imaginée par Karensac m’a beaucoup enthousiasmée !

Pour raisons professionnelles les parents d’Aubépine décident de déménager dans un trou perdu à la montagne. Seulement voilà, il n’y a rien dans le coin, personne à qui parler et rien à faire… Pendant que sa mère s’efforce de trouver une solution pour protéger les oiseaux locaux (on notera le message écologique présent en fond, qui prône le respect de l’environnement et la préservation d’espèces menacées), Aubépine, elle, s’ennuie à cent sous de l’heure. Qu’à cela ne tienne, elle ira vagabonder dans les montagnes, où elle fera d’étranges rencontres ! Une mystérieuse bergère lui offre ainsi un chien à l’allure étrange, puis un mystérieux génie croise la route de la petite fille. Comme tout bon génie qui se respecte, il  propose de lui accorder trois voeux, ce qui, on s’en doute, va provoquer quelques bouleversements et entraîner les deux comparses dans une aventure tumultueuse ! (Surtout quand on réfléchit deux secondes à son nom -Saligaud- qui n’a pas été choisi au hasard !)

aubépine-2

On pourrait être tentés de rapprocher l’histoire des célèbres récits de Heidi, ou de Belle et Sébastien. Pourtant, Aubépine casse la baraque et brise complètement les clichés de la petite fille un peu perdue face à l’immensité à laquelle elle n’est pas habituée : son isolement forcé est simplement un très bon prétexte à la faire vivre des aventures rocambolesques !
Héroïne impertinente, râleuse, curieuse et obstinée, elle incarne un personnage auquel les enfants ne tarderont pas à s’identifier ! (moi-même, je l’ai adorée !)

Aubépine annonce un vent de fraicheur sur la bande-dessinée jeunesse ! Avec un scénario rythmé, une héroïne très charismatique, et le dessin à la fois pétillant et expressif de Karensac, l’album s’avère très réussi et entraîne les jeunes lecteurs dans une drôle d’aventure !


Chaque jour Dracula ; de Loïc Clément & Clément Lefèvre
Publié aux Éditions Delcourt, 2018 – 48 pages

51teywcrvil-_sx195_

Vous le savez désormais, je porte une tendresse particulière aux bandes-dessinées scénarisées par Loïc Clément depuis ma découverte du brillant Le Temps des mitaines, de l’émouvant Chaussette et du rafraîchissant Les jours sucrés. J’attendais donc avec impatience sa prochaine parution !

Toujours plein d’inventivité, il imagine que Dracula, avant d’être l’une des figures emblématiques du vampire que l’on connait, a du, lui aussi, aller à l’école. Seulement, pas facile de fréquenter un établissement pour humains quand on a certaines particularités… Moqué pour son sérieux en classe et ses différences physiques, (canines proéminentes, lueur rouge dans les yeux, teint blafard qui lui évite les séances de sport) Dracula endure le pire jour après jour.

Violence à l’école, sentiment d’exclusion, honte d’en parler aux proches :  tout est amené avec finesse, en gardant une atmosphère légère et des touches d’humour qui contrebalancent le malaise ressenti face au harcèlement. Ainsi, l’auteur n’oublie pas d’accorder à son héros quelques moments de calme et de tendresse : l’amitié de sa camarade de classe Mina, les câlins avec sa chauve-souris apprivoisée, les discussion avec Vlad, papa poule de compétition etc.

Chaque jour Dracula véhicule un message positif quant aux situations de harcèlement : on laisse ici la vengeance de côté pour de trouver une autre solution à ce mal-être. L’auteur incite aussi à la tolérance en montrant qu’accepetr et cultiver sa différence est souvent la meilleure manière de faire face à ses bourreaux. 

Une fois de plus, Clément Lefèvre propose des planches d’une beauté singulière ! (rappelez-vous de son travail incroyable sur L’incroyable peur d’Epiphanie Frayeur) Les teintes employés donnent une ambiance onirique à l’ensemble, tandis que le dessin très expressif fait ressortir la fragilité du petit Dracula. Il ne lésine pas non plus sur les détails autour du folklore du vampire : cercueil en guise de lit, fantômes et squelettes vaquant dans le manoir, chauve-souris en guise d’animal de compagnie etc.

chaqueJourDracula-2

☞ Très touchante par le sujet choisi et la manière dont il est traité, Chaque jour Dracula  peut s’adresser aussi bien aux enfants qu’aux parents, et permettra peut-être d’ouvrir la  discussion sur un sujet encore un peu tabou : le harcèlement scolaire. Porté par de superbes illustrations, c’est un album à mettre absolument entre toutes les mains !


Calpurnia ; de Daphné Collignon & Jaqueline Kelly
Publié aux Éditions Rue de Sèvres, 2018 – 90 pages

cvt_calpurnia-tome-1_4528

Adaptation du roman éponyme de Jacqueline Kelly paru chez L’Ecole des loisirs, Calpurnia comportera apparemment deux tomes.

L’autrice nous amène quelque part au Texas à l’aube du 20e siècle. Là, dans une famille typiquement bourgeoise, Calpurnia, onze ans, se pose beaucoup de questions sur ce qui l’entoure. Seul son grand-père, un vieil homme taciturne et un peu excentrique, semble être à même de répondre à ses questions. Ne reste plus qu’à l’affronter pour qu’il accepte de l’initier aux mystères de la nature !

A mi-chemin entre la bande-dessinée, le roman graphique, et le carnet d’observations scientifiques, Calpurnia offre une réflexion intéressante sur la condition féminine de l’époque, l’adolescence et ses petits bouleversements, ainsi que sur la nature. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié la façon dont Daphné Collignon mélange le quotidien familial fait de secrets, d’amourettes et de petites disputes, aux recherches scientifiques qu’effectuent Calpurnia et son grand-père. 

A des kilomètres des clichés que l’on peut rencontrer, la jeune fille est une héroïne à la fois brillante, enthousiaste et curieuse de tout. A une époque où la société la prédispose à devenir une bonne épouse sachant simplement jouer du piano et broder comme il faut, elle sort des sentiers battus en décidant de se consacrer à l’étude de la nature.

Calpurnia3

Les tons chaleureux et l’aspect vaporeux qui se dégagent des illustrations contribuent à faire de l’ouvrage un régal pour les yeux, le mélange BD/livre illustré rajoutant encore au plaisir ! 

☞ C’est un joli moment hors du temps que nous offre Daphné Collignon avec cette bande-dessinée tout public qui plaira aussi bien aux enfants qu’à leurs parents (on aurait bien tord de bouder son plaisir) ! Visuellement, chaque planche est un petit bonheur, et on se laisse facilement porter par cette histoire à la fois émouvante, drôle et passionnante. Vivement la suite !

8 réflexions sur “Point BD #2 : de la bande-dessinée jeunesse engagée

  1.  » Héroïne impertinente, râleuse, curieuse et obstinée « . Ok. Tu m’as convaincue ! Déjà qu’avec une image j’étais déjà en mode *wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwaaaaaaaaaaaaaaaaahouuuuuuu* alors la je dis bingo! Je trouverai ce livre en médiathèque ! *agrandit sa PAL de 15 bouquins à chaque passage sur ton blog*

    J’aime

  2. Que des BDs avec un magnifique graphisme, merci pour les deux dernières découvertes !! Aubépine me fait bien de l’oeil depuis un moment, je vais finir par me laisser tenter :p

    J’aime

  3. Comme toujours : merci merci et encore merci pour ces sublimes découvertes ! Je n’ai plus qu’à espérer les croiser en médiathèque !

    J’aime

  4. Je connaissais déjà Aubépine qui me fait très très trèèèèès mais alors trèèèès envie !! Tu finis de me donner envie. J’espère que ma bibliothèque est à jour et l’a commandé ou je casse touuuuut *déchir son t-shirt comme hulk*

    Tu me donnes très envie de découvrir Dracula également même si les dessins me correspondent moins, j’avoue hihi

    J’aime

Répondre à Alberte Bly Annuler la réponse.