Une histoire des abeilles ; de Maja Lunde
Publié chez Les Presses de la Cité, 2017 – 388 pages
Angleterre, 1852. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Mais la découverte de l’apiculture réveille son orgueil déchu : décidé à impressionner son unique fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils s’est converti au végétarisme et rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d’une exploitation menacée chaque jour un peu plus par l’inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. L’Effondrement de 2045 a laissé la planète exsangue. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser les fleurs à la main. Pour son petit garçon, elle rêve de l’avenir réservé à l’infime élite. Seulement, un jour, Wei-Wen tombe dans le coma après s’être aventuré seul dans une forêt… Afin de comprendre ce qui est arrivé à son fils, Tao se plonge aux origines du plus grand désastre de l’humanité.
☞ Un rythme plaisant
Trois époques, trois familles, et narrateurs différents. C’est le point de départ du roman de Maja Lunde, qui alterne donc de courts chapitres pour nous faire découvrir ces trois récits simultanément.
Si vous êtes déjà passés par ici, vous connaissez mon amour pour ce genre de construction où l’on alterne entre plusieurs époques ou protagonistes. Une histoire des abeilles n’a pas fait exception et je me suis laissée embarquée avec facilité par le processus, d’autant que tous les chapitres se terminent de manière à ce que le lecteur aie très envie de connaître la suite.
Malgré des perspectives et des zones géographiques très différentes, les trois histoires se rejoignent via un fil conducteur contenu dans le titre : l’apiculture.
☞ Des débuts de l’apiculture…
Il faut bien garder à l’esprit que le roman reste avant tout une œuvre de fiction, bien que très documenté. Ainsi, on en apprend davantage sur la vie et l’habitat des abeilles, ainsi que sur la fabrication des ruches modernes via le récit de William Savage au 19e siècle.
1851, 2007 et 2098 : le lecteur fait des bonds dans le temps, et la frontière des différentes époques est ainsi floutée, nous faisant prendre conscience que le futur décrit par Maja Lunde n’est finalement pas si loin…
☞ … au roman d’anticipation
Dès 2007, avec le récit de George, apiculteur américain très respectueux de ces petites protégées, l’auteure fait un constat alarmiste : les abeilles disparaissent. Ce phénomène porte un nom officiel : le CDD, allias le « Colony Collapse Disorder » ou « Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » en français.
Dans la continuité, la dernière histoire du roman nous dépeint un monde qui a tout du cauchemar, quasi dystopique : après « l’Effondrement », bien des espèces se sont éteintes, et pour subsister et sauver le peu qu’il reste, les hommes se voient contraints -en Chine du moins- de polliniser les arbres eux-mêmes en trimant du matin au soir.
☞ La filiation
En plus de l’aspect écologique très important dans le roman, Maja Lunde traite également des relations familiales dans ses trois histoires, en insistant particulièrement sur le lien filial. Culpabilité, héritage, non-dits : les relations familiales apparaissent dans toute leur complexité, authentiques et touchantes.
Le tout est abordé avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, et la narration systématique à la première personne renforce, selon moi, le sentiment d’immersion du lecteur.
☞ Pas de doute, Une histoire des abeilles éveille les consciences et pousse à la réflexion. Sans jamais prendre un ton moralisateur, l’auteure cherche à nous montrer comment notre mode de vie compromet l’avenir de notre planète, tout en gardant une touche d’espoir et de poésie pour éclairer le récit. Mélangeant agréablement plusieurs genres (historique, anticipation, contemporain…), la plume de l’auteure nous accompagne agréablement pour ce très joli voyage dans la nature.
En bref, ce roman c’est :
√ – des portraits travaillés
– une vraie réflexion sur l’écologie
– une saga familiale passionnante
– une dimension dystopique
Il me faisait de l’oeil celui là !
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J’ai abandonné cette lecture, je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire et j’en suis assez triste d’ailleurs car je fondais beaucoup d’espoirs.. 😦
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C’est la première fois que j’entends parler de ce livre. Mais ta chronique me donne envie, d’autant plus que l’extinction des abeilles est un sujet important.
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J’ai l’impression qu’il est passé un peu inaperçu lors de la dernière rentrée littéraire, c’est dommage vu le sujet engagé qu’il aborde. Bonne découverte 😉
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