La vengeance des mères; de Jim Fergus
Publié chez Le Cherche Midi, 2016 – 464 pages
Dans le but de favoriser l’intégration, un chef cheyenne propose au président Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et envoie dans des contrées reculées les premières femmes, pour la plupart recrutées de force dans des pénitenciers ou des asiles du pays. En dépit de tous les traités, la tribu ne tarde pas à être exterminée par l’armée américaine, et quelques femmes blanches seulement échappent à ce massacre.
Parmi elles, deux sœurs, Margaret et Susan Kelly, qui, traumatisées par le comportement sanguinaire de l’armée, refusent de rejoindre la civilisation. Après avoir trouvé refuge dans la tribu de Sitting Bull, elles vont prendre le parti du peuple indien et se lancer, avec quelques prisonnières des Sioux, dans une lutte désespérée pour leur survie.
Il y a quinze ans de ça paraissait Mille femmes blanches, le roman phare de Jim Fergus. Peu intéressée par la culture indienne d’une manière générale, le livre ne m’avait jamais tentée plus que ça. Et puis, sur les conseils d’une collègue bibliothécaire, je m’étais lancée et avait énormément apprécié ma lecture. C’est donc avec enthousiasme -mêlé de quelques craintes- que j’ai emprunté la suite à la médiathèque !
Le roman reprend là où s’arrêtait le précédent : l’attaque du camp cheyenne de Little Wolf, durant lequel femmes, hommes et enfants furent massacrés sans aucune pitié par l’armée américaine.
Sur la forme, La vengeance des mères ressemble étrangement à son prédécesseur, puisque c’est au travers de carnets que l’on suit la fuite de tribus indiennes à travers le vaste territoire nord-américain. Les faits nous sont d’abord relatés par les jumelles Margaret et Susan Kelly, que l’on suivait déjà plus ou moins dans le premier tome. En parallèle, on suit l’intégration de Molly, qui fait partie d’un autre convoi de femmes blanches destinées à venir vivre avec les Indiens.
Molly étant une femme cultivée, son style à l’écrit est radicalement différent de celui de ses comparses irlandaises qui n’ont pas pu bénéficier de la même éducation : elles ont donc tendance à utiliser un langage plus châtier et ne mâchent pas leur mots !
Je reconnais à Jim Fergus le talent de construire des personnages très attachants de par leur histoire personnelle ou leur manière d’être. Molly m’a particulièrement plu pour son côté femme forte et déterminée (voir carrément têtue par moments !), tandis que j’ai redécouvert les jumelles Kelly dans un autre contexte : celui de la soif de vengeance qui les anime toutes les deux, suites au massacre de leur tribu d’adoption, et surtout de leurs nouveaux-nés. Toutes ces femmes de milieux différents se rassemblant autour de leur peine respective, jusqu’à prendre les armes pour défendre la cause indienne, m’ont beaucoup touchée.
Pour moi, La vengeance des mères fut une lecture sympathique mais qui présente trop de similitudes avec son prédécesseur : c’est là son seul défaut. Une fois de plus, Jim Fergus dépeint plusieurs portraits de femmes qui restent en mémoire et nous offre une belle aventure dans les grands espaces qu’il affectionne. Au delà de l’hymne à la nature, on retrouve un beau récit sur les coutumes et le mode de vie des Cheyennes, ainsi que sur l’histoire des Etats-Unis.
En bref :
√ – de beaux portraits de femmes engagées
– un dépaysement garanti
✘ – des ressemblances par rapport au premier opus
Il m’avait beaucoup tenté en librairie, étant très peu au courant des cultures indiennes. Mais il faudrait que je lise le premier tome pour cela 🙂
Dommage qu’il ressemble autant au premier..
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Il peut tout à fait se lire à part, car les faits sont rappelés au fur et à mesure. Mais dans l’ensemble, j’avais trouvé « Mille femmes blanches » plus savoureux !
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