Moi et les Aquaboys

Moi et les aquaboys; de Nat Luursema
Publié chez Gallimard  Jeunesse, 2016 – 312 pages 

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L’avenir de Lou Brown, quinze ans, est tout tracé. Elle suit depuis toute petite un entraînement de natation intensif, avec sa meilleure amie, Hannah. Et ce quatre cents mètres quatre nages va leur permettre de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Mais Lou rate sa course tandis que Hannah, elle, est sélectionnée… Lou fait sa première rentrée seule dans un lycée où elle ne connaît personne. L’adolescente trop grande, gauche et timide hors de l’eau affronte sa nouvelle vie avec autant de courage que d’humour.

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Faisant partie des nouveautés à la médiathèque, ce petit livre a attiré mon attention par son titre étrange et sa couverture un peu enfantine. Le résumé laissait présager
une lecture sans prise de tête et parlait même de “comédie hilarante”, exactement ce dont j’avais envie à ce moment là !

Je dois dire qu’à la lecture des premiers chapitres, j’étais moyennement convaincue par Lou, son échec et sa soudaine solitude. C’était assez barbant de la voir dépérir dans sa chambre… Et puis, quelques pages plus tard -TADAM- Nat Luursema a réussi à me raccrocher grâce à son écriture au ton volontairement décalé, et ses personnages plutôt atypiques !

Parlons justement des personnages, et surtout de notre héroïne ! Loin d’être classique, Louise, dite Lou, est une grande perche de 1m77 avec des épaules de camionneur et une tignasse crépue à force de côtoyer le chlore d’un peu trop près. De nature plutôt complexée (on comprend mieux pourquoi quand on croise sa soeur aînée Lavande au détour d’une page…), Lou est vite perdue une fois qu’on la sort de ses pince-nez et de ses couloirs de natation.

Autour d’elle gravite une galerie de personnages un peu à côté de la plaque, notamment ses parents. Un peu loufoques, ils sont divorcés depuis des années, mais cohabitent momentanément ensemble. Ensuite Lavande, la fille aînée qui a tout d’une gravure de mode, cliché même de la grande sœur insupportable. Pourtant, au bout d’un moment, tout ce petit monde devient franchement attachant.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est cocasse ! Lou, d’un naturel maladroit en société, à tendance à enchaîner les boulettes et va vivre, en l’espace de quelques semaines, de sacrées péripéties !

Je regrette simplement que certains sujets n’aient pas été plus approfondis. L’exclusion sociale d’abord : quand Lou se fait recaler aux sélections, son équipe entière -y compris sa garce d’entraineuse- la rejette complètement, voire la méprise et l’humilie en public. Même la famille de la jeune fille minimise la gravité de la situation, parce qu’après tout mince, il n’y a pas que la natation dans la vie ! A côté de ça, il y a les messages de Hannah  -comme des bouteilles à la mer- à son amie, où elle évoque notamment les troubles alimentaires de ses coéquipières. On comprend vite que la pression qu’elle subit est incroyable, et pourtant c’est évoqué seulement à mi-mots. Alors oui, ce n’était sans doute pas le grand but de ce roman, mais j’ai trouvé ça dommage malgré tout.

Un roman sur la natation, il fallait oser ! Nat Luursema relève pourtant le défi haut la main et nous livre une histoire fraîche et légère, parfaite pour une lecture estivale. Mais malgré tout l’humour employé, il m’a manqué un peu de sérieux à ce roman touchant.

 

En bref :
-un scénario original
  – une anti-héroïne géniale !
  – le ton très humoristique employé
– des sujets pas assez fouillés

2 réflexions sur “Moi et les Aquaboys

  1. J’ai bien aimé ce roman moi aussi ! Et je suis en partie d’accord avec toi sur les sujets pas assez fouillés, surtout en ce qui concerne l’anorexie et la pression subie par Hannah. Tout ça se résout un peu trop facilement à mon goût. En revanche, pour ce qui est de l’exclusion scolaire, je trouve que c’est bien traité. L’auteure n’en fait pas des tonnes et c’est tant mieux. Après tout, Lou est un peu seule, mais elle n’est pas harcelée. Si son équipe et cette snob de Sandy ne sont pas dans les parages, les autres la laissent tranquille. Elle ose même répondre aux questions des profs (et dire des bêtises) ! Si elle était aussi « maltraitée » que ça, elle se ferait sans doute toute petite dans son coin.

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  2. Oui, tout ça m’a paru un peu « facile ». Tu as peut être raison en ce qui concerne l’exclusion… Au fond, c’est surtout le personnage de Hannah qui m’a fait de la peine globalement.

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